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Depuis Sissi, j'ai pour les films en costume une affection toute particulière, alors pas question de manquer Royal Affair. Surtout quand j'ai vu le scénario proposé dans la bande-annonce : Danemark, deuxième moitié du 18ème siècle, le médecin allemand attitré du roi, placé par la frange libérale du pays, va insuffler un vent de libertés et de démocratie au sein de la monarchie danoise, un peu vieillissante, et menacée par l'obscurantisme religieux.
Le médecin, incarné par Mads Mikkelsen, est aidé, et aimé par la jeune reine Caroline, arrivée d'Angleterre, inspirée par les Lumières, et qui se meurt d'ennui auprès d'un roi à moitié malade.
Voilà le pitch, ça donne envie non ? Bon, je n'ai pas été complètement déçue. Il y a presque tout dans ce film pour qu'il reçoive l'Oscar du meilleur film étranger, pour lequel il est nominé : un scénario bien construit, pas d'incohérences historiques, de beaux costumes et un jeu d'acteurs qui m'a bien plu. La performance de Mikkel Boe Folsgaard qui incarne le roi Christian du Danemark, est assez époustouflante ; il est bluffant de vérité et nous met souvent mal à l'aise par son mal être et sa vie intérieure qui semble si torturée. On voudrait vraiment qu'il réagisse, malheureusement, malgré toute l'aide du docteur Struensee, il ne verra pas la Lumière (ahah).
Quant à Alicia Vikander, elle illumine le film du début à la fin ; pas étonnant quand on sait qu'elle fait de l'ombre à Keira Knightley dans le prochain Anna Karenine, qui sort le 5 décembre (Oh my!!). Elle incarne une jeune reine pleine de vie dont le destin va être bridé par un mari aux attitudes sordides. Mais en faisant le choix d'être libre de ses idées et de ses sentiments, elle orientera son destin, et sans le savoir, celui du Danemark, vers des jours meilleurs.
Pour moi, c'est l'esthétique et la retenue toute scandinave qui l'emportent dans ce film ; c'est beau, on se laisse porter par cet évènement historique, dix ans avant la révolution française, la Terreur, les têtes sur les piques et le roi à la prison duTemple.
Malgré tout, j'attendais davantage de Nikolaj Arcel, le réalisateur. Il manque un personnage qui est pourtant la raison du film, les Lumières. Sans eux, pas de pamphlets, de livres autodafés parce que jugés trop subversifs, pas de complot des libéraux contre les obscurantistes pour intégrer la Cour danoise et mettre fin au servage, à la censure, aux règles strictes dictées par la monarchie. Et pourtant, Locke et Rousseau ne sont mentionnés qu'une fois lors d'une conversation qui sert surtout de rapprochement entre la reine et le médecin, Voltaire figure à peine sur une lettre au Roi. That's it.
J'étais assez déçue que la révolution intellectuelle que les philosophes ont contribué à mettre en place et qui a fait basculer l'Europe ne soit pas davantage expliquée et intégrée dans les dialogues, qu'il n'y ait pas de vraies joutes verbales entre des personnages que tout oppose. L'exemple qui me vient à l'esprit, c'est la série des Tudors : on assiste à des dialogues enflammés entre Cromwell, le roi, et le Cardinal Wolsey et Thomas More, et on s'emballe avec eux !
Avec cela, j'aurais vraiment aimé ce moment ; il me paraît parfois un peu pudibond, voire un peu mièvre. Mais c'est un avis de fille qui voit le fait politique partout, je suis sure que vous saurez apprécier ce film, qui m'a fait passer un bon moment, et découvrir le cinéma danois. Mads Mikkelsen (j'allais l'oublier) est excellent dans son rôle de médecin de campagne, qui va peu à peu adopter la sagacité et la dureté des hommes de pouvoir...et le paiera bien cher.