L'amère douceur d'une fresque en clair-obscur

Miele fut l'une de mes révélations-surprises de l'année dernière, celles que mes périodes de coupure totale avec le monde de la critique me réservent parfois : aussi, j'en ferai le thème de cette première critique.
Miele est une jolie fresque aux paysages magnifiques, rythmée par le jeu perpétuel entre une double-vie toujours menacée et une conviction que rien, ou presque, ne peut ébranler. Ce "presque" qui fait vaciller, qui entre en jeu sans pour autant accaparer l'intégralité de l'intrigue, c'est le cynisme, l'ironie mordante et morbide d'un Carlo Grimaldi (Carlo Cecchi) devenu l'incarnation d'un antagonisme complexe, l'irruption des réalités de l'euthanasie dans l'imaginaire de la jeune Irene (Jasmine Trinca), venu casser le quasi-manichéisme de ses activités. Et le questionnement, le doute, tout entre en scène : il est vrai que le vieux cynique touche moins que le pauvre adolescent alité, que l'attente de la mort par ennui semble coquetterie face à la souffrance physique, à la résignation d'une famille ou d'un être vers l'ultime échappatoire empruntée à reculons... et pourtant. La difficulté de se placer en juge, l'attachement involontaire, le sens d'un "devoir" placé hors du cadre défini, le débat se profile et les arguments se bousculent, rendus visibles par la performance de l'actrice et... et là vient le point noir, la raison d'un 8 plutôt que d'un 10 : le débat n'est pas poussé assez loin, le sujet se brise au profit d'un renversement un peu banal. Dommage, mais compréhensible peut-être, le film garde cependant tout son mérite pour l'avoir amorcé et présenté sans trop de démagogie, et on ne peut lui reprocher ni sentimentalisme à outrance, ni mièvrerie.
La musique, quant à elle, est à apprécier : en inconditionnelle de Brassens je n'ai pu que me réjouir à certains moment, et découvrir avec satisfaction et curiosité une BO faite de mélanges de genres, qui accompagne les scènes en toute discrétion, s'ouvrant à une interprétation occasionnelle et entièrement liée à la volonté du spectateur.
A regarder si possible en langue originale, pour apprécier les accents et la voix un peu grave, comme brisée, de Jasmine Trinca.

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le 28 juin 2014

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