Une conclusion honorable.
Ce troisième et dernier opus de la célèbre saga littéraire suédoise sortait en salle fin juillet 2010, soit seulement un mois après celle du second. Et comme ce dernier, cette suite se présentait aux spectateurs comme une sorte de « résumé » de la série télévisuelle, forme sous laquelle Millénium s’était présenté en Scandinavie. Ce Millénium 3 arrive-t-il donc à donner une conclusion digne de ce nom ? (ATTENTION SPOILERS !!)
Après avoir échappé de peu à la mort, Lisbeth Salander se retrouve à l’hôpital dans un piteux état, devant subir l’affront de nombreux chefs d’accusation qui pèsent toujours sur elle. Mais en parallèle, Mikael Blomkvist continue son enquête pour permettre l’inculpation de son amie en tentant de mettre à jour des activités illicites de services secrets, dont la vie de Lisbeth est étroitement liée. N’ayant pas encore lu le livre (ni le deuxième), je regarde donc ce troisième opus en le comparant à ces deux prédécesseurs. Et il est regrettable de remarquer que le résultat s’avère être à l’identique. Pour le premier, je me suis plongé dans le bouquin, et je me suis donc rendu compte que sa première adaptation n’était en réalité qu’un résumé de l’intégralité de la trame, omettant des détails pourtant repris dans le remake américain (qui ont lui ont d’ailleurs permis d’être meilleur sur ce point). Mais il fallait bien admettre que le tout se laisser suivre avec un plaisir certain, et ce grâce à son casting, son ambiance et son rythme. Le second film, malheureusement, perdait en qualité à cause d’une mise en scène inexistante, le scénario étant du même statut que son prédécesseur. Et donc, pour ce troisième épisode, il est une fois de plus navrant de constater que l’histoire ne semble être qu’une version courte du livre, ne nous montrant que les faits importants et oubliant pourtant ce qui fait la force du duo Salander / Blomkvist : ses relations. Depuis le début de la saga suédoise, on a bien du mal à percevoir les sentiments que ressent Lisbeth à propos de Mikael, alors que le premier livre (et donc la version de Fincher) insistait pas mal sur ce point. Il n’est donc pas étonnant de voir ce film se terminer de manière classique, sur un « Merci. À bientôt » prononcé sans émotion par Lisbeth (j’espère que la fin du livre est bien plus étoffée !). En clair, le scénario de Millénium 3 se montre comme celui des opus précédents : intéressant à suivre du point de vue de l’enquête malgré quelques blablas dont on se serait bien passé, mais qui manque sincèrement de profondeur (aussi bien sur les détails que sur les personnages).
Autre défaut que ce troisième film reprend au second : sa mise en scène. En effet, Millénium 3 ne cache en rien son statut d’adaptation faite pour la télévision, et ce à cause d’une mise en scène des plus scolaires et une photographie bien plate. La caméra ne fait que fixer les acteurs sans se risquer de styliser une quelconque ambiance, ce film en manquant cruellement comme Millénium 2. Sans compter que c’est à cause de cela que le scénario ne dégage aucune émotion (les musiques étant quasi inexistantes), ni même une dose d’adrénaline quand il le faut (le face-à-face final entre Lisbeth et son demi-frère). Avec un travail artistique bien plus conséquent, les deux derniers Millénium auraient pu arriver à la cheville du premier.
Fort heureusement, Millénium 3 n’est pas un film raté, loin de là ! Il se montre être une adaptation certes scolaire de l’œuvre de Stieg Larsson, mais réussie dans le sens où on la regarde avec intérêt, avec une histoire qui nous attire (rien que le procès de Lisbeth vaut le détour, même si sa tenue vestimentaire reste encore un mystère à mes yeux) et un casting toujours au top, malgré une VF bien trop inégale (des personnages comme la sœur de Mikael, Annika Giannini, rendue sur le coup « tête à claques » par sa voix). Après une telle aventure, il n’est pas étonnant de voir les carrières de Michael Nyqvist et de l’excellente Noomi Rapace s’étendre à l’internationale (l’exaspérant Identité Secrète et le très bon Mission : Impossible – Protocole Fantôme pour lui ; le regardable Sherlock Holmes : Jeu d’Ombres et le bon mais discutable Prometheus pour elle).
Bref, Millénium 3, malgré ces défauts télévisuels repris de son prédécesseur, conclut de manière honorable la saga suédoise au cinéma, nous laissons tout de même sur notre faim pour ce qui est de la relation entre Blomkvist et Salander, mais qui a su révéler aux personnes ne connaissant l’œuvre de Larsson son succès (au point d’en lire les livres) et deux acteurs talentueux. Et pour preuve, ce long travail a attiré le regard hollywoodien ! En espérant que pour les remakes du 2 et du 3 (s’il se font, parce que vu comment la production prend les chiffres du box-office de la version de Fincher…) soient meilleurs que les originaux (comme l’a été le premier film).