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De tout temps, des réalisateurs sont passés devant la caméra. Certains pour y faire une courte apparition, un caméo, se prêtant à ce jeu avec sérieux ou légèreté de façon plus ou moins régulière, devenant pour quelques-uns, comme Alfred Hitchcock et M. Night Shyamalan, un gimmick. Devant la caméra, d'autres réalisateurs optent pour une présence plus longue, jusqu'à endosser le rôle du personnage principal, façonnant au fil des films, dans l'inconscient du spectateur, l'image qu'ils souhaitent se donner. Clint Eastwood et Woody Allen sont deux grands adeptes de ce procédé. George Clooney, présent sur cinq affiches de ses sept réalisations, dont la dernière Minuit dans l'univers, l'est également.

Au milieu du XXIe siècle, une catastrophe, dont on ignore la nature exacte, rend la Terre peu à peu inhabitable. Reclus dans un observatoire du pôle Nord, le Dr Augustine Lofthouse, mourant, s'entête à chercher à entrer en communication avec d'autres survivants. Il parviendra finalement à contacter l'équipage d'un vaisseau spatial revenant sur Terre après trois ans d'exploration sur K-23, un satellite de Jupiter, afin de déterminer si la planète est viable pour l'homme ou non. K-23, une planète découverte trente ans auparavant par… le Dr Augustine Lofthouse.

Visuellement, il y a une recherche d'esthétique encourageante, mais au final assez décevante. Le plus réussi, à mes yeux, étant les élégantes lignes insectoïdes du vaisseau. Le reste est banal, empruntant aux autres (Gravity pour l'espace, La Route ou The Thing pour la Terre) les mouvements, les émotions. Les enjeux des deux groupes, le Dr Lofthouse et la mystérieuse jeune fille qui l'accompagne d'un côté ; les membres d'équipage du vaisseau spatial de l'autre, se révèlent insignifiants. Alors que nom de Zeus, sur Terre, c'est l'apocalypse et que dans le même temps, l'équipage d'une mission de reconnaissance a trouvé un satellite dans notre système solaire viable ! Ce manque de consistance est criant également lorsque l'on s'intéresse aux personnages. Aucun feu ne brûle dans ces personnages. George Clooney tente bien de donner un peu d'épaisseur à son personnage en parsemant le film de flashbacks. Mais ceux-ci semblent plus relevés de l'anecdote que des choix et du destin ayant amené le Dr Lofthouse à cette situation, seul survivant sur une base perdue de l'Arctique.

Scénaristiquement, ça part dans tous les sens, piochant de-ci de-là les idées lui permettant de tenir bon gré mal gré un semblant d'histoire. Et vas-y que je te balance des astéroïdes par-ci, des loups par-là… Minuit dans l'univers prend, au fil des scènes qui se succèdent, tiédasses, la forme d'une sorte de monstre de Frankenstein cinématographique. Un agrégat d'actions, de rebondissements, d'émotions vus et revus, exhumés puis cousus les uns aux autres sans autre liant qu'un très, très gros fil d'Ariane.

Et puis il y a ces trois-quatre minutes qui précèdent le générique de fin de Minuit dans l'univers. Un admirable twist. Une fulgurance. Certes la touchante révélation en fin de film entraîne un certain nombre de questions quant à la cohérence de scènes précédentes, mais qu'importe, la magie opère.

La bonne surprise du twist final ne parvient cependant pas à sauver le naufrage de ce qui a tout de même englouti la modique somme de 100 millions de dollars. S'attaquer à la science-fiction comme ça, sans un scénario en béton, c'est le risque de mettre en scène un vide intersidéral. Là où Denis Villeneuve avait réussi a apprivoiser le genre dès son Premier Contact, George Clooney a parfaitement su scier la branche sur laquelle il s'était assis avec son Minuit dans l'univers.

Vincent-Ruozzi
5

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le 30 déc. 2020

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Vincent Ruozzi

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