Un Spike Lee réussi de plus!
Après moult déboires juridiques, Miracle à Santa Anna débarquait enfin en DVD et en Blu-Ray en cette année 2011. Une sortie évidemment plus confidentielle puisque le film aurait très largement mérité une sortie sur grand écran.
Miracle à Santa Anna retrace l'histoire de la guerre. Mais pas la grande et pas forcément l'héroïque comme celle montrée au cinéma et la séquence d'introduction avec Le jour le plus long et John Wayne en vedette. Spike Lee revient plutôt sur des moments oubliés de la Seconde Guerre mondiale comme des divisions dont parle que trop peu ou des instants de la guerre que les livres d'histoires omettent parfois trop souvent.
Ici, Lee rend hommage à la division noire des Buffalos Soldiers, qui ont essentiellement combattus en Italie. A travers un début de film fracassant où un guichetier noir qui abat de sang-froid avec un luger allemand son client, Lee nous emmène à travers le début d'une histoire dans une autre. La guerre est montrée avant tout comme une escouade de soldats noirs patrouillant en Italie. Directement, Lee va faire jouer la propagande allemande sur ces hommes. Cette séquence est très réussie et sera suivie par un affrontement entre soldats noirs américains et allemands.
Mais la guerre, c'est avant tout des liens qui se tissent. Des amitiés qui se créent. Entre soldats du même régiment d'abord et où l'on va être amené à suivre les quatre hommes et les caractères qui vont apprendre à se connaître et à se dévoiler. Mais les amitiés ne se réalisent pas entre les hommes seulement. Ici, le village italien va avoir toute son importance. D'une part parce que les Italiens de ce village n'avaient jamais rencontré de noirs. Et par ce fait, ils ne subiront pas les mêmes préjugés qu'ils pourront connaitre avec les Blancs de leur propre pays. Ces hommes se sentiront bien mieux en Italie qu'aux Etats-Unis, au point même d'éprouver un sentiment de honte.
Ensuite, il y a l'incroyable rôle et lien tissé entre le jeune Angelo et le soldat Train, apportant énormément de légèreté au récit.
La force de Spike Lee, c'est celle de ne pas sombrer dans un manichéisme très simple. Partout, il y a des bons et des mauvais soldats. Des bons et des mauvais hommes. Ainsi, côté allemand, on a bien ce SS responsable du massacre de l'église de Santa Anna, mais on aussi ce soldat ou ce gradé de la Wehrmacht pour contrebalancer le tout.
Ce film marque rappelle également le rôle de la résistance italienne, qui était également très active dans ce pays contre le fascisme et le nazisme. Mais là aussi, les Italiens ne sont pas montrés comme étant tous des Saints. En fait, on pourrait penser que Spike Lee met un peu trop sur un piédestal les Noirs, mais c'est sans oublier que certains comportements dont ceux de Bishop sont considérés comme rétrogrades.
Le choix du cinéaste de s'orienter sur un film humaniste avant d'être un film de guerre est très réussi. Car la guerre est une histoire d'hommes et de liens avant tout. A cela s'ajoute une mise en scène très réussie apportant la distanciation nécessaire sur certaines scènes. Seuls les moments dans le village italien en attente de certains événements m'ont paru assez longuets. Mais nul doute que ce Miracle à Santa Anna est un film à découvrir, même pour ceux dont le genre "film de guerre" rebute généralement.
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