Lady-pastèque et Chat de gouttière the movie

Il est très difficile de s'intéresser aux suites d’œuvres qui nous ont pas convaincu, et ça serait minimiser l'évidence que de dire que Miraculous m'a profondément déçu. C'est une œuvre qui m'a fait voyager vers des émotions divers qui m'ont marqué, que ce soit de joie lors des meilleurs moments, ou même de tristesse lorsqu'il a fallu regarder l'autodestruction d'une très belle œuvre sans rien pouvoir faire, et subir la mauvaise foi et la haine de certains fans lorsqu'il a été question d'évoquer mon avis publiquement sur internet. Vous l'aurez compris, Miraculous est une œuvre compliquée, que je m'étais promis de ne plus évoquer jusqu'à que le bon moment arrive. Ce moment aurait pu être la fin de la saison 5, véritable point final à un arc narratif qui s'étend sur plus de 10 ans, qui a de quoi faire réagir et dresser un bilan d'ensemble

Rien que sur ce final pitoyable... Personne ne pouvait prévoir que 8 ans d'aventures super-héroïque pouvaient prendre fin dans une cuisine ouverte, peu être parce que personne de sensé aurait compris qu'il faut un minimum de talent pour avoir ce genre de parti prix. Surement que les gens derrière cette idée de génie étaient en pleine refonte de leurs propres cuisines, qu'ils étaient chez Cuisinella pendant l'écriture du climax, ou qu'ils en avaient tellement plus rien à foutre qu'ils ont cherché à abréger le massacre au plus vite

Mais pour pleins de raisons, j'ai pensé qu'il était plus intéressant de faire cette conclusion quand viendra le long métrage Miraculous le film car celui-ci, paradoxalement, était porteur d'espoir. S'il est difficile de définir clairement le moment où la licence a perdu pied, il est indéniable que la période entre 2015 et 2017 (date de la diffusion de la toute première saison) a été une période fructueuse créativement parlant, car une période surement non impacté par les éléments quel qu'elles soient qui détériorera la beauté de la franchise. En témoigne l'épisode spéciale Shanghai avec LadyDragon, dernier projet à ce jour réalisé et pensé durant cette période, qui est l'un des plus beau téléfilm en animation que j'ai pu voir, et objectivement un excellent film, que l'on apprécie Miraculous ou non. On pouvait alors espérer du film une sorte de capsule temporel d'une époque, aujourd'hui révolu, qui permettrait d'admirer les dernières bonnes idées encore valides. Enfin, pour des raisons que j'aurais le temps d'expliquer plus tard dans ma critique, je n'avais pas vraiment peur du changement que certains décrivent comment une hérésie car, quoi qu'il arrive, il en fallait. Tout cela, sur le papier, n'attise que du bon ou presque, si l'on retire le côté marketing et peu glorifiant du projet qui ressemble à une tentative de capitaliser sur un autre médias comme ont pu faire d'autres films comme Les As de la Jungle ou encore Yakari la grande aventure. Malheureusement le rêve a rapidement commencé à se casser sérieusement la gueule lorsque l'on prend en compte que le projet a mis plus de 5 ans à se faire, et que celui-ci serait réalisé par Jérémy Zag, producteur de séries allant du plutôt intéressantes dans sa période post Miraculous (Power Player, Ghost Force) au difficilement défendable dans ses débuts (Rosie). Celui-ci a su démontrer par A+B son manque flagrant d'expérience en réalisation (et dans le bon goût) dans la licence Miraculous avec l'épisode spéciale Noël qui auront fait saigner les oreilles de plus d'un, ainsi que l'épisode spéciale New York qui n'hésite pas à aller dans le grotesque le plus désinhibé pour créer toujours plus d'incohérences, toujours plus de personnages secondaires bon qu'à créer des jouets, et des scènes aberrantes de maladresses où le couple de personnage principaux volent dans le ciel après avoir ingérer des hot dog aux effets divers, renvoyant un message chelou, surement non volontaire, vis-à-vis de la consommation de drogues. Globalement, on avait de quoi être inquiet, mais est ce qu'il n'y a pas des choses intéressantes à en tirer ?


Au niveau de la réalisation, il est assez compliqué d'analyser sa qualité car il y a un énorme budget derrière et cela se voit. Je ne l'ai pas mentionné en introduction car cet élément risque de fausser le visionnage de plus d'un, tout comme cela a l'air d'avoir faussé l'analyse de beaucoup, mais le film a reçu le plus gros financement français jamais donné à une production française. Si le film n'est pas le film français le plus chère de l'histoire, car dépassé par Valérian de Luc Besson (75 000 000€ venant de la France + 122 471 676€ en coproduction), il n'en reste pas moins que le second film français le plus chère de l'histoire, avec 80 000 000 €. A titre de comparaison, FoodFight, un cauchemar de production et de financement de plus de 10 ans et qui a abouti... à ce qui a abouti, a coûté 65 000 000$, et Astérix aux Jeux Olympiques, avec sa production plus que douteuse et ses dépenses abusives à but pas forcément glorieux, a coûté 75 000 000€, dont 60 000 000€ français (source). Si je mentionne quand même le budget du film, plus que dire qu'avec 80 000 000€ on pourrait financer 4 Kaamelott Premier Volet rien qu'avec le budget du film, c'est pour souligner le matelas sur lequel repose le projet. Même en le faisant exprès, avec un tel budget, on peut difficilement rater le minimum syndical attendu en terme de qualité visuelle ou sonore. Cependant, ce ne sont pas tant les moyens qui définissent la qualité de réalisation d'un film, mais bel et bien la façon dont cet argent est utilisé. Des mauvaises langues diront que cette argent est mal exploité, et ils n'auraient pas entièrement tord, loin de là. Miraculous a une direction artistique qui joue sur une fine ligne qui se veut entre le réalisme (à travers une représentation réaliste de Paris, des relations entre personnages qui rappellent parfois les drame français...) et le fantastique (avec des expressions et un jeu qui tend vers le cartoon américain, une exubérance qui s'inspire des magical girl japonaise...). Ici, le réalisateur peine à concilier réalisme et fantastique, avec des designs et une direction artistique qui ne s'harmonise jamais vraiment. Soit c'est trop réaliste, ajoutant trop de détails aux visages qui n'arrivent plus à devenir cartoonesque lors des moments de grandes expressivités, soit c'est trop fantaisistes, notamment lors de passages musicaux aux tableaux qui n'ont parfois aucun sens, le film n'arrive pas à créer une cohérence d'ensemble. On le voit notamment à travers le lighting et les jeux de lumières qui peuvent être très beau plan par plan, mais qui réunis ne fonctionne pas tant il y a un faux raccord lumière quasiment toutes les scènes. Une scène représentant bien ce tiraillement reste le premier plan où Gabriel Agreste parle, où la lumière est travaillé de tel sorte qu'il soit intimidant et mystérieux, ne permettant pas de voir ses yeux à travers ses lunettes. Cependant, le résultat étant trop fantaisiste et pas assez réaliste, l'effet n'est pas assumé complètement, et on obtient un effet qui ne marche pas, où l'on voit la moitié des verres qui ne sont pas sur-éclairés, et l'on a juste l'impression qu'il est surexposé façon technicien qui sait pas éclairer correctement. Ce n'est qu'un détail en évidence, mais ce sont des éléments qui s'accumulent et montrent un manque de savoir faire évident, ainsi que l'absence d'une direction claire. On le voit surtout avec les chansons et leurs places dans le récit qui, à force de vouloir imiter Disney au point de citer Le Roi Lion ou même Raiponce, se retrouvent à être un poids considérable qui désert la narration et la réalisation. Il y a évidemment les musiques de la bande originale qui, elle aussi, ont leurs propres problèmes tant certaines cherchent à instaurer une scène trop sérieuse pour ce que c'est, et des choix musicaux douteux et clichés, à l'image de l'utilisation peu glamour de Careless Whisper de George Michael, à plusieurs reprises, qui donnent presque l'impression que le tout est pris par dessus la jambe. Mais plus que la bande original qui se retrouve plus inexistante qu'autre chose, ce sont bel et bien les chansons originales qui vont retenir l'attention. Généralement, dans les Disney et autres films avec des chansons, on a deux types de chants. D'un côté on a la version "album", enregistré en marge de la réalisation du film, et destiné à la réalisation d'un album accompagnant la sortie du film, et de l'autre côté il y a la version "cinéma", enregistré durant la réalisation des doublages, qui servent à la narration et à la réalisation du film. Surement que l'une des versions s'est perdu en cour de route, ou bien que c'était trop chère payé de réaliser une version "cinéma", car la quasi totalité des chansons du film sont des chansons en version "album". Le problème survient lorsqu'on remarque (très rapidement) une différence net entre la voix des comédiens de doublage et des interprètes des chansons. Cela a pour effet de te sortir totalement de la scène, tant tout semble artificiel, renforcé par la lourdeur et la profondeur inexistante des paroles qu'on dirait une traduction approximative d'une chanson Disney-like venu d'Europe de l'Est, ainsi qu'à la redondance de ces dernières qui auront réussit à exaspérer les fans les plus déter qui étaient au Grand Rex, lors de l'avant première mondiale. Mal introduite, parfois mal interprété, mal chorégraphié... ce sont pas moins de 6 chansons qui vous attendent, pour le passable et le pire de ce que la France peut composer par opportunisme. Il y a bien une scène de chant triste sur un balcon, mais l'une des seules chansons potables reste le chant du papillon, s'inspirant grandement de Scar dans Le Roi Lion et de Facilier méchant princesse et la grenouille, car c'est le seul chant chanté par son comédien de doublage, ici Antoine Tomé. Pour parler rapidement des doublages, ceux-ci sont parfois vraiment limite tant certains personnages ont un design totalement en décalage avec le caractère qu'elles essayent d'interpréter (je pense notamment à Chloé la blonde peste), ou soit tant ils ne sont pas habitués à interpréter leurs rôles dans des registres trop exigeant (Maitre Fu, le vieux qui se fait secourir par Marinette au début du film, c'est une catastrophe). Il y a bien Benjamin Bollen qui arrivent péniblement à s'en sortir, mais c'est bien parce qu'il est habitué au rôle qu'il avait déjà dans la série télé, et surtout il n'a pas les pires répliques. Tous, même les meilleurs comme Antoine Tomé, n'arrivent pas à interpréter leurs rôles car ceux-ci sont servi avec des dialogues injouables, reflétant une écriture chaotique.


Qu'on ait vu la série ou non, il faut comprendre que le film se repose sur une série dont l'écriture a été un calvaire, un véritable chantier désorganisé où les esprits ont dû échauffé par moments, et où tout est perdu dans une bouillit informe de paradoxe temporel et spatiale pour abroger au plus vite un arc qui n'avait plus aucun sens. Il fallait repartir sur une base saine et faire une nouvelle version du récit que l'on connait, et on peut voir en Miraculous Le Film ce qu'on peut considérer comme la version idéal de Miraculous pour Jérémy Zag. Tout comme il y a plusieurs univers dans une même licence, Miraculous a aussi plusieurs version d'une même histoire, et le format film était l'occasion parfaite de mettre en scène une de ces versions bis qui, faute de corriger tout ce qu'il y a à corriger, pourra proposer une version alternative qui permettrait de réconcilier les personnes déçus, les fans qui retrouveront leurs personnages préférés, mais aussi les personnes non connaisseurs qui découvriront Ladybug sous une nouvelle histoire. De cette base on peut se poser la question: Pourquoi rien n'a de sens ? Parce qu'à m'entendre, on pourrait se dire que c'est open bar, et que le film fonctionne à tous les coups, mais il faut savoir écrire pour écrire un bon scénario. Le problème étant que, à l'image de la réalisation, l'écriture est tiraillé entre la fidélité à la série original et l'originalité. D'un côté on a un ton sérieux et plus mature qui apporte de l'originalité et de la nuance vis-à-vis au côté pop et enfantin de la série originel, mais qui va engendrer des répliques et des scènes d'une lourdeurs sans nom. De l'autre, on a une volonté, jusqu’au-boutiste par moment, de rattacher le film à la série plus qu'il ne le devrait. Cela a pour conséquence de créer des incohérences lorsque l'on comprend que des personnages se connaissent (car se connaissant dans la série) mais ne sont pas sensé se connaitre en pleine rentré des classes, ou encore lorsque l'héroïne va pour purifier des akumas et en laisser d'autres s'envoler pour aucune raisons particulière. On zig zag toujours entre la série et le film sans qu'il y ait une logique particulière justifiant ce que l'on voit. Vu qu'on ne sait pas forcément quoi raconter, ni comment y arriver, on compense avec des artifices pas très utiles, à coup d'humour pas nécessairement fins, utilisé comme une carotte pour capter l'attention du spectateur, mais qui relève presque du manque de respect intellectuel, que ce soit pour le spectateur ou pour les personnages qui, pour certains, accumulent les vannes scatophiles à répétition (pour ceux qui ne peuvent pas voir la vidéo, c'est une vidéo de 30 secondes compilant ininterrompu des flatulences de Plagg durant les 1h30 de film, c'est à en rendre jaloux le médium pétomane). A vouloir sauter les étapes et vouloir offrir au spectateur le marivaudage (principe de relation contrarié à base de X qui aime Y sous une autre identité, si vous aimez ce genre de romance, allez voir des pièces de Marivaux ou regardez des séries comme American Dragon) entre les deux personnages principaux, le film éclipse du développement des personnages, notamment pour les Agreste, qui bloque la lecture même du film, même pour les initiés (pour les non initiés j'imagine même pas). On n'est pas impliqué dans le récit, ni dans les émotions des personnages... on est largué.


Malgré tout, après 1h20 d'un film malade et handicapé par des idées et directions contradictoires, le film décolle. Après multitudes de chants mal introduits et d'un récit en dent de scie, le film tranche enfin, et propose un final véritablement satisfaisant. A partir d'une scène de chute, le film s'emballe et devient beaucoup plus maitrisé, que ce soit dans son ton ou même son rythme, et on croit à ce qu'on voit. On peut regretter un ton un peu lourd et plombant par rapport à ce qu'il ne devrait, mais le ton marche, les dialogues sont moins fumeux, on a même de très beaux tableaux par instants... on a enfin du cinéma. On regrettera le manque de fulgurance dans son épilogue qui aurait pu être plus aérien et poétique, et on aurait pu assumer le parti prix dramatique jusqu'au bout sans faire du teasing de maternelle à coup de carton de fin qui coupe l'action, mais le résultat est là: Si l'entièreté du film a été un calvaire à suivre et qu'on a passé un moment franchement médiocre, la fin arrive à peu près à sauver le peu de bonnes choses que l'on pouvait attendre. Maintenant, je disais plutôt que "des mauvaises langues diront que cette argent (80 000 000€) est mal exploité", et j'ai envi de ne pas être entièrement d'accord avec eux. Il fallait bien 80 000 000€ pour que son réalisateur puisse accoucher de l'ambition visuel et artistique qu'il voulait sur 1h30, avec son manque d'expérience tout en rendant le tout "potable" aux yeux du grand public. C'est bancale, cela aurait mérité un travail artistique plus approfondi, mais ça essaye. C'est entaché par un manque de sensibilité et de sens artistique, mais les graphismes et les moyens mis en œuvres font que cela atténue la mocheté, et les quelques parti prix ont le mérite d'être passable. Sans doute que l'on aurait pu avoir un meilleur rendu avec un meilleur réalisateur, mais sans doute qu'un autre réalisateur n'aurait pas eu les mêmes propositions ainsi que la même fin. C'est bancale et mal construit, mais pas inintéressant à étudier. Si son réalisateur faisait une transition plus franche dans la réalisation et assimilait les codes pour réaliser des œuvres en animations, sans doute qu'elles ont la possibilité d'être grandiose... pour l'instant c'est pas gagné.


7/20


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.

Youdidi
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le 11 août 2023

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