Une fanfiction avec plus de budget

Donc, le producteur du film est aussi le réalisateur, le scénariste et le compositeur ? Pas bien difficile de comprendre pourquoi c'est un navet.

Alors, d'un point de vue technique, c'est presque irréprochable (en même temps avec un budget pareil ça avait intérêt à être beau). Les lumières, les effets de pouvoirs, les cheveux des personnages sont sublimes. Il y a juste un bémol au niveau des visages que je ne serais vraiment expliquer.

Globalement l'histoire est bien condensée. Mettre cinq saisons dans un film d'une heure et demi, c'était un pari risqué, mais ça marchait plutôt bien, l'histoire et les développement sont efficaces.

Les deux méchants de milieu de film, la magicienne et le mime sont vraiment très classes, même si on peut légitimement reprocher que leur forme akumatisée ne soit qu'un simple color swap, ce qui est franchement fainéant.

L'apport au grand écran permet d'apporter plus de scènes bien spectaculaires que la série manquait parfois, en dehors de ses finals de saisons. Je repense à l'attaque de Papillon à la fin et à l'effondrement de la tour Eiffel, qui donnent une note épique au film.

Pour finir avec les qualités, je trouve Tikki plus dynamique et amusante dans le film, alors qu'elle a toujours été assez plate dans la série.

Mais alors qu'en est-il des défauts ?

Pour commencer, je trouve que la famille des Agreste n'a clairement pas été respéctée dans ce film.

Gabriel/Papillon devient maléfique parce que son miraculous le corrompt, tel l'anneau de Soron. C'est une recette super facile et expéditive, pour tenter de racheter le personnage, plutôt que de le faire lentement sombrer dans la folie comme dans la série (son écriture est loin d'être irréprochable dans la série de base, mais elle était plus osée, et avait le mérite de s'étendre sur 5 saisons.) De plus, sa scène d'abandon à la fin lorsqu'il se rend compte qu'il s'attaquait à son propre fils, même si elle est touchante, n'est pas un pay-off efficace car avant cette scène, Gabriel n'a partagé qu'une seule scène de trente secondes avec Adrien. Difficile de mesurer le fameux amour inconditionnel qu'il lui voue si on ne le voit pas. Quant à Adrien, au lieux d'en faire un adolescent malheureux qui cache sa tristesse et sa solitude derrière son sourire, qui apprend progressivement à s'émanciper de son père, ils en ont fait un émo dark, ayant des réactions stupides et des scènes ridicules (on se souvient de la scène où il écoute la musique de jazz sensuel dans son lit à cause de sa peine de cœur).

L'écriture des personnages n'est pas aidée par les dialogues sont creux et superficiels, on dirait qu'ils ont été écrits par une intelligence artificielle. En chanson ce n'est pas mieux : fades, plates, aucune n'est mémorable et ne sert vraiment le récit ou présente les états-dame des personnages. Bien que les chanteurs font du bon travaille, le changement de voix entre les comédiens et les chanteurs est très déstabilisant et nous sort complètement du film.

L'humour est abrutissant : avec Plagg qui pue et lâche des gros pets, les moments loufoques de Maitre Fu... Ce n'est pas parce que c'est un film pour enfant qu'on peut se permettre de sortir de l'humour bas de gamme pour amuser les mioches : d'autres séries pour petites filles comme My little Pony ont su garder un humour plus recherché pour être sincèrement poilant.

Clairement, le film a été fait pour séduire le public américain : les textes en anglais, le bal de promo à la fin avec robes de soirées et costards, des couples à chaque coins de rue parce que c'est la ville de l'amour, des chansons à la Disney, les blagues de pet façon Moi, moche et méchant et j'en passe. Ce n'est en soi pas une mauvaise chose, mais du coup la série perd de son identité d'origine pour se conformer à une formule facile.

Pourtant, ce film a plut à la communauté anglophone, parce que le film réalisait ce qu'ils souhaitaient : Adrien qui confronte son père ? Papillon qui est une personne descente ? Une ladybug plus imparfaite ? Les héros qui se révèlent leurs identités secrètes ? Je dois admettre que Zag a eu la bonne idée de donner ce que le fandom réclamait. Parce qu'une œuvre populaire, même si elle doit avant tout privilégier son histoire et ses personnages, doit aussi convenir aux attentes du public et être à l'écoute de ses fans. Il y a une déclaration de Thomas Astruc : "Le film donne ce que les fans veulent, la série donne ce que les fans ont besoin". Même si je trouve cette déclaration puante d'arrogance, elle résume bien mon avis global sur la franchise. Même en étant loin d'être irréprochable, la série avait un plan prévue et y est resté, malgré les reproches que lui donnaient les fans, alors que le film a donné ce que les fans réclamaient, en délaissant le reste. C'est comme ça qu'on se retrouve avec des scènes vues cent fois avant, avec des dialogues plats et génériques comme "suis ton cœur" ou bien "l'amour est plus fort que la peur".

Je prie pour que Zag ne touche plus jamais à un scénario, ou alors qu'il arrête au moins d'utiliser chat gpt pour son script.