Miramar
Miramar

Film de Júlio Bressane (1997)

À côté du film vraisemblablement semi-autobiographique de Julio Bressane, ceux d'Alejandro Jodorowsky paraîtraient presque plats, limpides et terre-à-terre... J'exagère (beaucoup), mais la poésie surréaliste qui cherche à s'exprimer tout au long de cette œuvre brésilienne comme une source chercherait à sourdre n'a de cesse de renforcer un côté étrange et intriguant, à défaut d'être pleinement convaincante. Contrairement au cinéaste franco-chilien, toutefois, il n'y a que peu de place à l'extraversion frontale ici, on est plutôt dans l'intériorisation, le ressenti, la suggestion — aussi forte et décalée soit-elle.


On comprend vaguement (la trame narrative est assez confuse et déstabilisante) que le personnage éponyme est en pleine quête émancipatrice dans l'art, après le suicide très bizarre de ses parents et la destruction de la cellule (bourgeoise) familiale, au terme d'une longue séquence très dérangeante que le Haneke de la fin des années 80 / début des années 90 ne renierait pas dans son propos : un empoisonnement mutuel et consenti après une séquence de sexe résolument hors norme. L'expérimentation formelle est omniprésente, ici comme dans la majeure partie du film, au détriment d'une charpente narrative qui aurait pu être plus solide pour nous guider dans ces élucubrations.


Tout le film est en outre parsemé de citations, en voix off, issues de films du cinéma international. On reconnaît des classiques américains, John Wayne par-ci, Humphrey Bogart par-là, Eisenstein revient régulièrement à travers ses enseignements cinématographiques et même Jean Cocteau fait son apparition avec son (tout aussi étrange) "Orphée". À la mort de ses parents, Miramar découvre le cinéma : l'occasion de nourrir une réflexion sur la vocation dans l'art cinématographique et sur le processus créatif. On touche à l'art abstrait très régulièrement, du genre à confiner à l'ésotérique tant on peine à discerner ne serait-ce que les contours des enjeux de manière régulière.


Des dialogues parfois trop longs, à l'image de certaines séquences en plan fixe, et une certaine frustration quant au sens très incertain à donner à beaucoup de symboles, références et citations. Mais la curiosité vaut le détour, pour l'exotisme, et pour peu qu'on soit en plus sensible au charme de la langue brésilienne. Les décors de Rio de Janeiro offrent évidemment un cadre de choix pour illustrer ce récit d'apprentissage artistique, entre les enseignements d'un professeur de littérature, d'une productrice et d'une actrice, perdus entre la plage de Copacabana et le Corcovado.

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le 9 avr. 2018

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Morrinson

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