La vie amoureuse selon Guitry ? C'est simple ?

...Ca, c'était avant Internet : la vie amoureuse de nos jours est beaucoup moins tranquille avec ces foutus smartphones qui passent leur temps à vous fliquer... voire vous enregistrer à l'insu de votre plein gré comme disait cet ex-champion cycliste mais tricheur...
Avant de lire ces lignes, il ne faut pas faire de confusions : il ne s'agit pas de traiter des faits évoqués eux-mêmes et innommables qui y sont décrits, mais bien de ce qu'un réalisateur sans talent peut en tirer pour meubler tant bien que mal une grille du service public !
Dans ce film, il y a deux bonnes choses : les interprétations de Julien Boisselier, saisissant de réalisme, et de Natalia Dontcheva, son avocate (souvenez-vous pour cette dernière : la femme du doc Martin-Lhermite)...
Tout le reste est à jeter !
Didier Bivel a une fois de plus, puisé les racines de son inspiration dans la fosse à purin...

Et remplacé la notion de talent par le racolage...
Après un essai infructueux jadis pour le grand écran, il est devenu tâcheron TV, ne craignant pas d'évoquer des thème souvent salaces : des films traitant de viols, d'homophobie, de dépressions (...) Mais aussi des séries aussi banales que des épisodes sans âme et sans saveur d'Agatha Christie ...
Le film traite ici de la cybercriminalité. Nouveau fléau de la communication car certains "smartphonistes" enregistrent désormais pour pas cher les images de tout ce qui se passe autour d'eux... Et ça ne sert à rien généralement....
Certains saisissant des images osées pour en faire profiter leur entourage, ou pire celui de l'acteur ou de l'actrice, voire de la terre entière... Sans leur consentement, ça va de soi ! Et c'est à partir de là que le bât blesse ! Surtout quand cet érotisme confine à la pornographie et que là, la goutte d'eau fait déborder la cuvette des WC ! Car en soi, la nudité d'un corps n'a rien de blâmable, elle...
Voici donc une femme (très mal jouée par une Julie de Bona semblant prête à tout ) qui vient de divorcer, ayant fait un peu trop rapidement peut-être des galipettes sexuelles avec un libraire dont elle n'avait pas mesuré à quel point l'homme peut s'avérer être un dangereux prédateur pour les femmes.
Le pire est que le mec, libraire (vous en connaissez encore beaucoup vous de ces petits magasins disparus tels ces photographes, droguistes et tant d'autres ?) ....enregistre leurs ébats, en prenant soin qu'on ne le voie pas lui, ce qui lui permet ensuite d'avoir la femme à sa merci.
Afin qu'elle se soumette à ses exigences, lui faisant le chantage de:distribuer sur Internet les scènes les plus hard au cas où...
On aurait pu en rester là, mais non, la nana se met en quête de jouer les justiciers et de flinguer son tortionnaire au-lieu de s'entourer de l'appui d'associations spécifiques, de la loi et d'un avocat !
Au-moins, les fournisseurs d'accès peuvent-ils être prévenus pour ne pas pérenniser l'existence des photos volées sur la toile...
Mais abondance de biens nuit parfois quand on se laisse aller au lamentable racolage auquel se livre le réalisateur en en faisant trop avec les dites prises de vues auxquelles la Julie prête son corps.
Autant je fustige les films pudibonds faisant, à la façon des films américains des années 50/ 60, un zoom sur l'éclairage de la table de chevet au moment de l'accouplement, autant je le réprouve lorsque c'est à répétition et sans prévenir !
On manque ici franchement de sobriété dans le récit avec les multiples répétitions des images interdites et même jusque sur une télé grand-écran d'un tribunal comme ici !
Le meilleur moment -il y en aura au-moins un- sera l'épilogue au tribunal qu'évidemment je ne vous dévoilerai pas !
Dommage : avec de meilleurs tragédiens, ce film eut gagné à moins patauger dans le pathos marécageux qu'un autre réalisateur plus subtil eut pu en tirer...

Comme les navets ont la vie dure sur le service public, et qu'il faut bien en amortir le coût, on n'a pas fini de devoir subir ça en rediffusions !

France 2 le 30.03.2022- 10.05.2023-