Dans une Angleterre vieillotte et conservatrice, un groupe de jeunes femmes bien décidées à mettre fin aux clichés machistes pullulant partout dans la société décide de s'emparer d'un évènement télévisuel majeur, animé par l'une des plus grandes stars du petit écran de l'époque, à savoir l'organisation du tout aussi machiste Miss Monde où un joyeux "bétail" sera passé à la loupe par un jury majoritairement composé d'hommes. Le plan sur les postérieurs parfaitement alignés sur la scène devant les yeux écarquillés admiratifs et voraces du jury sera la provocation de trop.
Miss Révolution, titre moins évocateur en français par rapport au Misbehaviour original, remplit bien son contrat de feel-good movie au message limpide, attaquant juste là où fleurissent les publicités sexistes où la femme doit respecter des critères aussi bien moraux que physiques pour exister dans la société. L'influence d'un tel comportement est aussi transmis par les anciennes générations qui s'en sont contentées (la mère de Sally) sur les plus jeunes (la fille de Sally) : se grimer en princesse à coups de rouge à lèvre est un passage obligé pour devenir une femme. La révolution des mœurs menée par le Mouvement de libération des femmes est ici bien dépeint par la cinéaste qui filme avec justesse, sans pour autant prendre parti pour un bord, les débordements de ces mêmes femmes qui se battent pour une cause juste. En voulant se débarrasser de clichés sexistes, elles peuvent elles aussi être les principales instigatrices d'une lutte virulente pouvant leur causer du tort. C'est tout l'art de Sally de temporiser et de trouver les solutions idéales pour faire valoir un message pacifiste mais fort.
En parallèle à cette organisation menée par des points de vue divergents au sein même du Mouvement, le concours de Miss Monde : drôle et avec cet humour délicieusement british, allant jusqu'à recréer la soirée de gala d'un soir de 1970 avec une précision chirurgicale. Le pendant parfait et naturellement moins sexy que Late Nite de Nisha Ganatra, autre beau film de femme, n'échappe pas à une mise en scène parfois didactique mais le propos politique autour de l'importance d'être élu Miss Monde aux yeux de pays moins favorisés (Grenade) ou en plein apartheid (l'Afrique du Sud présentera en urgence une femme noire) vaut bien quelques sacrifices. La conclusion et les regards face caméra émeut et ravit quant à l'avenir de ces miss élevées à l'époque au rang de bétail à la beauté parfaite, dont certaines d'entre elles sont devenues aujourd'hui des femmes de premier plan sans l'aide de projecteurs ou de bikinis.