Et la gagnante de notre grand concours est....

De la lenteur, de la suggestion, une approche patiente... Certains se montrent facilement agacés par une œuvre qui prend le temps de planter le décor, mais pour Miss Violence, j'aurai tendance à dire "il fallait bien ça". Pas dans un souci de compréhension mais simplement pour amener et aider le spectateur, à appréhender l'horreur derrière la vie en apparence bien rangée de cette famille.

La mise en scène, cette patte traînante, semble faire de son mieux pour protéger le spectateur. Au travers du rythme lancinant, routinier, du quotidien, la réalisation pourrait être qualifiée de précautionneuse pour celui qui visionne puisque dans la première partie de l'œuvre ce qui est montré, ce qui est dit du quotidien de cette famille, va amener le spectateur lui-même à réclamer timidement des réponses, une confirmation ou une infirmation de ce qu’il suspecte.

Parce qu’il me semble que l’enjeu du film est là. Vouloir savoir ou non : c’est le problème du spectateur. Mais qu’en faisons-nous ensuite ? Resterons-nous sidérés face à la violence, muet devant la peur, à la recherche d’une punition pour ce que nous avons fait ou découvert, ou irons-nous simplement chercher notre mère en esperant qu'elle puisse incarner le sauveur que nous voyons en elle quand nous sommes enfant ? Angeliki, Myrtho, Eleni, la grand-mère (qui n’a même pas de nom !) et Alkmini construisent chacune individuellement leur réponse, en fonction de ce qu’elles sont et de leur âge.

Miss Violence, c’est peut-être la rencontre du féminin et de la soumission dont le résultat n’est plus que violence. Une sorte de no (wo)man’s land auquel le réalisateur n’entrevoit que deux échappatoires : la mort ou la récupération du pouvoir. Digne d’une tragédie, Avranas est-il vraiment si loin de la réalité qu’il cherche compulsivement à retranscrire ?