Très beau film historique de Roland Joffé.
Je ne sais pas s'il a réellement existé des personnages comme Mendoza et frère Gabriel, mais l'histoire de la fin dramatique des missions jésuites en pays Guarani est exacte. Voici un extrait de lettre d'un des frères:
"Car, le souci que déjà les espagnols et les Portugais avec toutes leurs troupes commencent à s’emparer du pueblo de San Miguel, dont ils se sont approchés le 3ème jour de ce mois de mai, devinez dans quel état déplorable nous nous trouvons et recommandez-nous à Dieu. Nous sommes devant le Seigneur consacré, attendant notre destruction totale, dans laquelle nous tous trouverons la mort, et même nos petites créatures et même aussi peut-être la mort des pères de nos âmes ! Ah nous résisterons sans lâcher !"
Depuis Ignace de Loyola, les jésuites ont lancé partout sur la planète ces missions qui ont souvent eu des destins tragiques lorsqu'elles se sont heurtées aux pouvoirs temporels et politiques.
Car ce film est avant tout la démonstration de l'incompatibilité des décisions prises par les grands décideurs mondiaux (ici le traité de Tordesillas) avec la réalité vécue sur le terrain par les exécutants.
Avec des images splendides et les personnages forts de ce mercenaire, de ce père jésuite et de cet envoyé du pape joués par de grands acteurs, Joffé réalise son chef d'œuvre.
...Un envoyé qui, par sa lettre au pape, apporte une conclusion au film: « Et donc, Votre sainteté... vos prêtres sont morts... et moi... vivant. Mais à la vérité, c'est moi qui suis mort... tandis qu'ils sont vivants. Car il en va toujours ainsi, Votre sainteté. L'esprit des morts survit... dans la mémoire des vivants ».
Roland Joffé réussit ici un chef d'oeuvre de pureté cinématographique avec des dialogues limités à l'explication du contexte historique. Tout le reste, y compris les dilemmes intérieurs du cardinal et des jésuites est exprimé par l'image et la musique ou quelques dialogues faussement anodins.