La saga "Mission : Impossible" fait clairement partie de ces sagas solides et remplies de bonnes idées qui ont réussi à traversé les âges (la saga souffle ses 20 bougies l'année prochaine), et cela en proposant, épisode après épisode, à un réalisateur différent de s'attaquer à celle-ci en y apposant son style, sa griffe, son cinéma.
Ce cinquième volet ne déroge pas à la règle : après un quatrième épisode à l'aspect cartoonesque (et réussi), au rythme effréné et faisant la part belle au travail d'équipe d'IMF (Impossible Mission Force) réalisé par Brad Bird ("Le Géant de Fer", "Les Indestructibles", "Ratatouille", "Tomorrowland"), ce dernier cède sa place à Christopher McQuarrie.
Et force est de constater qu'en proposant une suite directe à "Protocole Fantôme", centrée sur l'affrontement entre une IMF dissoute par la CIA et le mystérieux Syndicat, une organisation de tueurs surentraînés déterminée à mettre en place un nouvel ordre mondial, McQuarrie nous propose un véritable film d'espionnage dans la veine des meilleurs thrillers politiques des années 60-70 avec son lot de complots, de tueries et de trahisons et, dans le même temps, un "actioner" intense qui ne lésine pas sur les séquences d'infiltration, de combats et de course-poursuite, tout en gardant une lisibilité irréprochable et maîtrisée dans ses moindres détails.
Prenant le public à contre-pied dès son ouverture, en évacuant en quelques minutes le gros morceau de bravoure du film (je n'ai pas besoin de vous expliquer duquel il s'agit), le scénariste de "Usual Suspects" et réalisateur de "Jack Reacher" nous plonge dans une sorte de labyrinthe rempli de pièges et de faux-semblants en tous genres dans lequel l'ennemi semble toujours avoir une longueur d'avance et que Ethan Hunt ne pourra affronter efficacement qu'en faisant appel aux seules personnes auxquelles il peut faire confiance : son équipe.
En plus d'un scénario maîtrisant habilement l'art de la manipulation et d'une réalisation solide et implacable (la séquence à l'Opéra de Vienne (hommage non-dissimulé à "L'Homme qui en savait trop" d'Hitchcock) ou encore la double séquence de course-poursuite au Maroc en sont les parfaits exemples : la caméra est toujours placée au bon endroit au bon moment afin de ressentir au mieux la sensation de tension ou de vitesse qui émane de chacune de ces séquences.
Le film bénéficie également d'un casting à la hauteur du défi (Simon Pegg, Jeremy Renner, Ving Rhames et les nouveaux venus Alec Baldwin, Sean Harris et Rebecca Ferguson participent avec un plaisir communicatif et pour certains avec un engagement physique irréprochable à ce nouveau volet), à la tête duquel excelle une nouvelle fois Tom Cruise, interprète principal et producteur de la saga depuis ses débuts au cinéma, s'impliquant à 200% dans la peau de l'agent Ethan Hunt et se surpassant une nouvelle fois en terme de cascades physiques (et démunies au maximum d'effets numériques) et qui prouve, si ce n'est déjà fait, que la saga "M:I" ne serait pas là où elle en est aujourd'hui sans ce surhomme de 53 ans qui porte celle-ci sur ses épaules depuis près de 20 ans.
"Mission : Impossible", une saga pour laquelle rien ne semble plus impossible.
Un 6ème volet ayant été confirmé, une seule question se pose alors : quels incroyables morceaux de bravoure Tom Cruise va-t-il pouvoir accomplir qu'il n'ait déjà exécuté dans les précédents volets ?