Les blockbusters classiques d'action de ces derniers temps ne m'ont pas autant diverti que ceux des années 90. Pour autant, celui-ci le fut à coup sûr. Pourtant, je n'ai pas pu m'empêcher régulièrement de me demander, s'il ne faisait pas parti de ces divertissement jetables.
La saga cinématographique des Missions Impossibles, je l'ai suivie sans jamais m'agacer. Même si elle m'a toujours laissé quelque goût amer ! Le premier film pour la simple et bonne raison, qu'il trahissait fondamentalement l'esprit de la série qu'il était censé adapté et qui avait bercé ma jeunesse. Les opus suivant par le manque total de mesure dans les scènes d'actions, jamais crédibles et frôlant régulièrement franchement le ridicule ! Autre petit amertume, le fait que le côté épique toujours mis en avant, restait toujours pourtant frustrant dès lors qu'elle n'apparaissait jamais que comme un faire-valoir du personnage principal incarné par Tom Cruise.
Si je reste toujours dubitatif sur l'intérêt fondamental de ce film, il n'en reste pas moins qu'il n'a pas laissé le même arrière-goût amer que les autres opus pour diverses raisons. Premièrement j'ai abandonné l'idée depuis le premier opus de retrouver l'ambiance de la série. La saga cinématographique a finalement acquis sa propre identité et je l'ai accepté depuis bien longtemps. Deuxièmement, la démesure frôlant le ridicule est ici plus qu'assumée, elle est revendiquée. C'est-à-dire qu'implicitement ou explicitement le film n'hésite pas à se caricaturer et à le faire savoir aux spectateurs. Rapidement, nous aurons d'ailleurs droit à une réplique d'un personnage mettant en avant que les réussites passées de l'organisation "Mission impossible" tenaient bien plus de la chance que du talent. Et tout le film nous démontre en effet qu'outre les capacités extraordinaires du héros, la chance lui sourit à maintes reprises, à tel point qu'il peut chuter à pleine vitesse sur du gravier, enchaîner les rouler-boulés et se relever sans la moindre égratignure. Comme maintenant à plusieurs reprises depuis le deuxième opus, le film commence d'ailleurs par nous présenter le héros dans une situation dont il se sort de manière rocambolesque et "impressionnante". Je mets le mot impressionnant entre guillemets car personnellement si j'apprécie avec humour le caractère aberrant de ces scènes, elles me font toujours un peu sortir du film ! Mais finalement je n'en ai pas voulu à cette "première scène" qui n'est finalement qu'un gimmick de la saga. On ne sait jamais vraiment comment le héros s'est mis dans cette situation ni pourquoi, et on ne nous en dira pas plus. D'autres scènes seront d'ailleurs des hommages aux précédents opus. Pourtant, j'ai toujours détesté l'amalgame entre "hommage et caricature revendiqués" et "qualité intrinsèque d'un film". A part lors d'une cérémonie officielle ou lors d'un enterrement, bref d'événements publiques, un hommage n'a finalement aucun intérêt, si ce n'est titiller l'égocentrisme d'un réalisateur et attiser les bassesses des fan-boys dont la prétendue cinéphilie porterait bien mieux le nom de snobisme. Les plus perspicaces auront deviné certains des réalisateurs qui m'agacent le plus.
Mais revenons-en plus directement au film, si je l'ai apprécié plus que les autres, c'est bien entendu pour d'autres raisons. J'ai lu par-ci par-là divers rapprochements avec la saga des James Bond. Je ne suis pas totalement convaincu par cette comparaison, puisque finalement ce film fait davantage référence à ses propres prédécesseurs qu'à ceux de l'agent 007. Fondamentalement le principe-même du héros systématiquement entouré de son équipe et ne pouvant se débrouiller seul reste antinomique avec la saga initiée par les romans de Fleming. Q n'est pas Benji, joué par Simon Pegg, c'est un rôle à part. Un gimmick de la saga de l'espion britannique, très plaisant, mais restant un rôle d'introducteur des gadgets point barre, plus essentiel à l'intrigue que Moneypenny, cependant fondamentalement similaire. Bref, j'avais précédemment dit que je trouvais que le rôle trop secondaire, faire-valoir de l'équipe, était un défaut qui tendait à m'ennuyer dans les opus précédents ! C'est BEAUCOUP moins le cas ici, pour une raison assez simple, l'équipe est considérablement réduite. Pendant une bonne partie du film, on peut même parler du duo Simon Pegg/Tom Cruise. Simon Pegg apportant dans cet opus une touche de légèreté comme dans le précédent opus mais beaucoup moins grossière, ne cassant pas le rythme de l'intrigue et son ambiance. Les deux compères, joués par Ving Rhames et Jeremy Renner, heureusement ne sont plus présents que dans un dernier temps. Ceux-là sont clairement des personnages beaucoup moins réussis. Le premier reste vraiment trop creux, le second est desservi à mon sens par son acteur. Je ne trouve absolument pas crédible, Jeremy Renner, son jeu d'acteur ne m'ayant jamais convaincu. Il fait déjà pâle figure parmi les autres acteurs des Avengers, il détruit presque par son manque de charisme la saga des Jason Bourne en prétendant prendre la relève de Matt Damon. Outre son manque de charisme, son jeu est bien trop transparent. On sent la volonté des scénaristes de nous faire douter par moment de certains comportement vis-à-vis de certains personnages, celui incarné par Jeremy Renner n'y coupe pas ! Malheureusement je n'ai pas douté une seconde. Une tension potentielle donc qui tombe à l'eau. Outre cette équipe donc qui pousse à prendre avec des pincettes la comparaison avec la saga de l'agent britannique, celle-ci se révèle malgré tout assez révélatrice des nouvelles qualités de la série. L'ennemi principal du film, interprété par Sean Harris, sans être particulièrement travaillé par les scénaristes est relativement bien incarné par l'acteur britannique qui inocule au personnage un charisme de vilain qui n'est pas sans rappeler certains de ceux des James Bond ! Sans être exceptionnel, il se révèle un bon point pour le film ! Mais le personnage le plus réussi me semble malgré tout, celui féminin et ambigu joué par Rebecca Ferguson ! Véritablement réussie, elle devient un véritable personnage dépassant le statut de faire-valoir ou d'ennemi classique du héros. Dans un film avec Tom Cruise, c'est assez rare de réussir à saisir l'opportunité de briller ! Elle existe pourtant pleinement, et se révèle typique des James Bond Girls les plus réussies, ambiguë, difficile à cerner, indépendante, forte et magnifique (même si je n'ai pas été convaincu par la première scène dans laquelle, elle apparait). L'une de ses apparition en maillot de bain, cheveux mouillés, visage adorable, m'a bien entendu là encore rappeler certaines scènes de James Bond Girl. Son personnage est même de ceux qui finalement viendra soutenir l'idée d'un Ethan Hunt, chanceux, en le sortant de situation qui à l'évidence n'avait pas été planifié avec suffisamment de réalisme ! Cet ennemi donc satisfaisant et ce personnage féminin rafraîchissant se conjuguent à une intrigue relativement bien rythmée enchaînant de multiples rebondissement de situation.
Tout ceci fait de Rogue Nation, le meilleur opus de la saga selon moi et un blockbuster relativement honnête servant un divertissement efficace. Si ce n'est donc un Jeremy Renner, comme à son habitude, quelque peu boulet, j'aurais à l'évidence classer ce film comme un divertissement pur, honnête et efficace parmi les plus réussis, et si ce n'était aussi tout de même cette démesure constante. Le scénario cousu de quelques fils blancs, mais surtout ne nous faisant que rarement oublier le manque de crédibilité des scènes d'action rocambolesques qui m'amusent légèrement certes, mais me font aussi sortir du film ! Je suis très bon public, je souscris totalement au pacte du spectateur devant se présenter avec bienveillance et sans mesquinerie et chipotage devant une oeuvre de fiction dont l'intérêt serait d'être forcément réalisable dans la réalité (hou, hou, hou ! Réalisation d'un film, réalisable dans la vie, oui mon humour a tendance à ne toucher que moi). La réelle crédibilité de scène d'action m'importe donc très peu personnellement mais exposer cette absence reste pour moi un véritable défaut pour un film. L'assumer et le revendiquer, permet certes de lui accorder une certaine indulgence puisqu'il joue alors avec la complicité du spectateur, mais n'en ternit pas moins les qualités intrinsèques du film. Rogue Nation a malheureusement tendance à abuser un peu trop de cet artifice, pour que je n'y vois pas un divertissement plaisant mais jetable et finalement probablement rapidement oubliable.