C'est encore un retour pour l'agent Hunt et sa bande de génie en tout genre. Cette fois-ci, notre équipe favorite va devoir faire face à elle-même en maléfique. Ils vont devoir affronter et faire tomber la Rogue Nation, une équipe d'agents dissidents prêt à tout pour changer la face du monde. C'est donc le cinquième film de la saga et pourtant, aucun signe d'essoufflement, bien au contraire, le film pousse encore plus loin ce que le quatrième volet a fait pour offrir un spectacle encore plus solide et plus dingue encore, plaçant ce film au sommet de la saga avant la sortie du sixième. Cependant, il y a une certaine retenue sur l'ensemble de l'oeuvre, surtout quand on connait un peu le travail de *Christopher McQuarrie. On reviendra sur ce point plus tard. Mais, dans l'ensemble, **Rogue Nation* s'impose comme l'une des grandes réussites de l'année 2015.
On ne le dira jamais assez mais cette saga est quand même unique en son genre dans l'histoire du cinéma: c'est bien rare de voir une saga qui se bonifie avec le temps et qui, surtout, apprends de ses erreurs. On a souvent reprocher à la saga d'être irréaliste en ce qui concerne les premiers volets mais ici, le réalisme est à tout épreuve et cela est grandement dû à l'implication de Tom Cruise qui réalise lui-même l'ensemble de ses cascades. Ajouter à cela le fait que le film est tourné en grande partie sans fond vert, on obtient donc un film ultra réaliste, à faire pâlir certaines grosses productions dans ce genre-ci. C'est incontestablement la grande force de ce film, ce côté spectaculaire réaliste qui place le spectateur au cœur de l'action sans laisser de répit.
C'est aussi la première fois dans l'histoire de la saga que les films sont directement liés. La fin du précédent volet nous présentait directement l'ennemi de ce film et dans un sens, cela permet à la saga de grandir en maturité. On ne cherche plus à faire des "one-shot story" avec un achèvement heureux et souvent cliché. Ici, ce film nous permet de retrouver avec plaisir des personnages vus dans le volet précédent et qui ont évolué, chose qui n'arrivait qu'au personnage d'Ethan Hunt dans les premiers volets. Les personnages secondaires ne servent plus seulement de faire valoir mais font également avancer le récit. Ils ont un impact réel sur les événements et cela les rend d'autant plus intéressant qu'attachant.
Néanmoins, on peut noter une certaine retenue sur l'oeuvre. Comme dit en ouverture de cette critique, on retrouve derrière la caméra, Christopher McQuarrie, qui est relativement connu dans le milieu pour des films solides et sombre. Alors pourquoi ce ressenti? En prenant l'oeuvre entière, on remarque des similitudes fortes avec le volet précédent, notamment en ce qui concerne l'humour qui passe presque toujours par le personnage de Benji. Et même si c'est humour est relativement bon, il semble parfois mal dosé ou de trop. La raison: le travail de McQuarrie ne tourne pas autour de l'humour, c'est pour cela que le sixième volet est nettement supérieur, car l'humour est recalé au second plan pour obtenir une tension tout le long du métrage avec un ton résolument plus sombre. Il y a donc une certaine retenue vis-à-vis de ce qui a été fait avant pour coller à la réussite du quatrième volet. Cela n'est pas négatif pour autant mais empêche le développement d'une intrigue plus puissante en termes de fond.
Rogue Nation s'impose comme une grande réussite: une nouvelle fois, ce film surpasse le précédent avec des scènes toujours plus folles et un Tom Cruise déchaîné ne reculant devant rien pour le réalisme du film (il a tout de même retenu sa respiration pendant 6 minutes). Malgré quelques longueurs et un ton encore trop tendre, ce film place la barre très haute et prévoyait un sixième volet plus sombre et maîtrisé.