Une histoire d'Armour
J'adore Jackie Chan, mais Armour of God a beau figurer parmi ses films les plus appréciés, j'avais été très déçu quand je l'avais vu étant ado, et je crois que je l'ai encore moins aimé en le...
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le 17 oct. 2016
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J'adore Jackie Chan, mais Armour of God a beau figurer parmi ses films les plus appréciés, j'avais été très déçu quand je l'avais vu étant ado, et je crois que je l'ai encore moins aimé en le revoyant tout à l'heure.
A part quelques cascades et une poignée d'idées originales, c'est vraiment mauvais.
Jackie incarne un Indiana Jones asiatique, nommé Asian Hawk, sauf qu'au lieu d'être archéologue, il est... chanteur dans un groupe de pop. Et il faut croire que du jour au lendemain, il a plaqué sa carrière pour partir à la recherche de reliques, qu'il n'offre même pas à des musées mais revend au prix fort à des collectionneurs privés.
C'est déjà moralement douteux, mais en plus le héros se comporte en connard avec un peu tous ceux qu'il croise... à moins qu'il n'ait vraiment aucune aptitude sociale, parce qu’il fait et dit toujours ce qu’il ne faut pas.
Le film débute alors que le héros interrompt un rituel entre indigènes, non pas pour sauver la femme qui est probablement sur le point de se faire sacrifier… mais pour voler une épée ; il pense qu’à son propre profit.
De même, Jackie et son ami hésitent à aller sauver la copine de ce dernier, dont le héros est amoureux, parce qu’ils craignent que ça compromette leur amitié. L’intrigue est vraiment bête : un groupe de terroristes kidnappe la fille pour pousser Jackie à récupérer pour eux les morceaux qu’il leur manque de la fameuse armure du titre.
Et plus on avance dans le film, plus ça devient n’importe quoi ; on découvre en milieu de métrage que les méchants peuvent injecter un sérum qui met quiconque à leur service.
Armour of God est sûrement le plus bis des films de Jackie Chan, les ennemis sont tous droits sortis d’une série Z, c’est des moines avec des maquillages grossiers, de sorte qu’ils aient de gros sourcils maléfiques, et tout le temps vêtus de robes de bure noires, tenant aussi parfois des sceptres kitschs… Autant dire qu’ils ne sont pas discrets quand ils veulent se mêler à la population.
Il y a même un peu de nudité gratuite et de gore, ce qui est très inhabituel pour un film de Jackie, d’autant plus qu’il a réalisé celui-ci lui-même.
C’est mal écrit, pleins d’éléments sont incohérents (le type qui prétend être contre la violence alors qu’il a assommé un homme deux scènes plus tôt), il y a des moments WTF dont on ne sait s’ils sont censés être comiques ou non ("Je vais te montrer comment être une pute"), et des séquences qui ne servent vraiment à rien, comme celle du cauchemar, d’autant plus qu’elle ne dure qu’un instant.
J’ai l’impression qu’après avoir enchaîné les succès (un an avant, il y avait le monumental Police story), Jackie s’est vu allouer de gros budgets sans savoir qu’en faire, concrétisant du coup des idées qui n’ont rien à voir dans le film. Allez, on va transformer la voiture en ersatz de K2000, on va mettre des guépards pour garder le château de tel personnage…
En plus, la réalisation ne suit pas ; par exemple à l’apparition du guépard, on ne voit l’animal qu’en arrière-plan, de loin, si bien que je n’étais pas sûr au début de ce que c’était… alors que, quitte à se payer une bête pareille, autant la mettre en valeur.
Le montage m’a aussi posé problème, il très cut durant certaines séquences, enchaînant les plans et les actions trop vite, quand il n’y a pas carrément des ellipses soudaines.
Les poursuites en voiture, malgré les moyens déployés, font amateur là encore à cause de la mise en scène et du montage : les rampes sont apparentes, on voit les cartons bien disposés en tas pour amortir la chute, …
C’est très surprenant car Armour of God n’est pas la première réalisation de Jackie Chan, et il n’y avait pas de pareils défauts jusque là.
L’humour potache, ça j’y suis plus habitué, mais ici il est particulièrement lourd, on est dans du Max Pécas : Asian Hawk qui pisse sur son pote, le serveur gay caricatural, …
La seule chose qui marche, c’est la séquence de quiproquos à la Vaudeville, comme on en a aussi vu dans Twin dragons ou Le marin des mers de Chine 2 ; ça reste très bête, mais c’est efficace.
Pour ce qui est des cascades, il y en a quelques unes au début pour nous faire patienter, mais il faut attendre 1h environ avant qu’on ait des combats dignes de ce nom (le premier accrochage avec les moines ne compte pas, on ne voit pratiquement rien).
Et là, on retrouve le Jackie qu’on connaît : la chorégraphie est fun et inventive, le rythme excellent, et les cascades bluffantes. D’ailleurs rien qu’en y repensant, j’ai envie de me revoir des extraits de ces prouesses ; même si là encore, le mauvais goût s’invite : Jackie affronte en dernier quatre amazones, dont une série de gros plans détaille le physique en s’attardant entre autres sur les seins… dont une paire que Jackie finit ensuite par frapper des poings…
Je reste stupéfait après avoir revu ce qui est pourtant considéré comme un classique de Jackie. Mais si on est habitués à ses autres films… celui-ci a de quoi troubler, dans le fond et la forme.
Et dire que c'est pour Armour of God que l'acteur a failli mourir !
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ah bon, c'est la suite ? et La liste des blessures de Jackie Chan
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le 17 oct. 2016
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