Le faucon va prendre son envol

Mister Dynamite, le film que tous les fans ne peuvent oublier de par cette tragédie évitée de justesse où Jackie Chan avait faillit perdre la vie en cours de tournage. Pas d’effets spéciaux, de la castagne, de l’infiltration, des gags, des cascades, des courses poursuites, un grand méchant fan de l’Empereur Ming suivi de sa bande de sectaires, un trésor inestimable, pour un Indiana Jones à la Chinoise. De rockstar à mercenaire, suivez Jackie.

Jackie Chan, cousin éloigné d’Indiana Jones ?

Il a toujours un chewing-gum dans le bec sauf pour descendre d’une falaise, échappe à une tribu africaine rancunière, conduit tout un tas de véhicules semblant tout droit sortis du dessin animé Mask, est capable d’affronter seul une soixantaine de sectaires en plein repas tout en faisant rebondir son chewing-gum contre un mur pour le faire arriver de manière cool dans sa bouche, échappe dans une course poursuite impressionnante à des motards et des hommes en Jeep (séquence sponsorisée par Mitsubishi), infiltre un monastère diabolique, survit à une attaque de femme en voulant à ses bijoux de famille, saute d’une falaise pour atterrir sur une montgolfière, Jackie Chan nous le confirme, sa vie ne manque pas de piquant.

Nous sommes en 1986, Jackie Chan a décidé de faire son propre Indiana Jones. Dans Mister Dynamite, tout premier opus de la trilogie Armour of God, il interprète un aventurier agile, doué en arts martiaux et un peu maladroit sur les bords. En d'autres termes: du pur concentré de Jackie Chan. Pour la morale par contre, on repassera. Oui, ici, notre Jackie vole des reliques pour les revendre au prix fort à des collectionneurs privés. Ca fait mal pour un aventurier supposé s’inspirer d’Indiana Jones. Heureusement qu’Opération Condor redorera le blason du personnage. Aventure oblige, dites au revoir à la Chine, bonjour à des décors dépaysant. Pour Mister Dynamite nous débarquons en Europe où notre héros accomplira de nouvelles prouesses physiques. Sur le papier, on s’attendait à passer un bon moment, comme dans tout film de Jackie Chan qui se respecte. Seulement tout ne se passera pas comme on l’avait espéré.

Dès la fin de notre introduction de folie annonçant du bon pour la suite, Mister Dynamite et ses acteurs faiblissent. Est ce dû à la cascade visible lors des premières minutes et ayant faillit couter la vie à Jackie ? Entre le Jackie Chan rigolo des 5 premières minutes et le Jackie Chan trop sérieux de la suite, le fan se voit déstabilisé. Notre héros, on ne le reconnait plus, il semble fébrile, pas au mieux de sa forme, que ce soit d'un point de vue de son jeu que de ses petites phases humoristiques. Pour vous, dire, c'est son partenaire Alan Tam qui fait tout le boulot. Et, sauf cette séquence hilarante voyant ce dernier tenter d’assommer le membre d’une secte, il le fait très mal par son manque de charisme.

L’on a beau avoir quelques petites séquences faisant sourire (la maison du collectionneur truffée de chiens de gardes faisant très peur à Jackie et son partenaire), d’autres nous amuser (la voiture de Jackie se transformant en mini bolide d’une place), on peine véritablement à trouver de l’intérêt à continuer de suivre Mister Dynamite. La qualité de l’image additionnée au look et interprétation des personnages n’est pas là pour arranger les choses faisant véritablement film à petit…petit budget (certains diront que ça ferait presque penser à un vieux film érotique…). Fans oblige, nous irons jusqu’au bout, quoiqu’il en coute. Avons-nous eu raison de patienter ? Oui !

Arrivé aux vingt dernières minutes, le Jackie Chan que l'on connait tous se réveille, a reprit du poil de la bête et compte bien rattraper cette première heure décevante. En un quart d’heure, il va s’en passer des choses. Vous découvrirez d’ailleurs la raison pour laquelle ce premier opus s’intitule « Mister Dynamite ». Fous rires garantis.

Mister Dynamite, aussi bardé de défauts soit-il, il faut le voir comme une mise en bouche avant sa suite, Opération Condor. Il est vrai qu’en termes de mise en scène et scènes d'action, ce film n’arrive pas à trouver son rythme, que les faux raccords sont trop visibles, que le scénario manque de consistance, que l’humour patauge à de nombreux moment parce qu’on a oublié d’utiliser des petites mélodies pour le soutenir. Si tenté que ce soit le premier Jackie Chan que vous regardez, logique que vous pouvez émettre des doutes vis-à-vis de la réputation que tient notre acrobate Chinois tant en tant qu’acteur que réalisateur.

Pourtant, les petits rires gentillets ne manqueront pas de faire souvent mouche grâce aux quiproquos et des gags soutenant de manière appropriée nos scènes d’action. Et puis cette combat final voyant Jackie aux prises avec quatre jeune amazones noires aux talons aiguilles et à la tenue féline dont on se demande ce qu'elles peuvent bien fabriquer dans un monastère, suffit à elle seule à vous prouver que l’acteur Chinois ne manque pas d’inventivité.

-Alors c’est toi Jackie Chan ?
-C’est ce qu’on dit.

Au final, Mister Dynamite, je ne peux pas le trouver mauvais pour la simple et bonne raison que l’intro et les vingt dernières minutes m’ont réjoui, me faisant comprendre pourquoi j’affectionne autant les films de Jackie Chan depuis l’enfance. Certes, dans ce film, il y a un manque de rythme flagrant, des gags et répliques pas souvent drôles, un manque de punch dans l’ambiance, un scénario peu séduisant, une absence de rebondissements, et de personnages suscitant une quelconque sympathie, toutefois le travail sur les cascades, les chorégraphies de combats et le jeu du Jackie Chan des vingt dernières minutes relèvent d’une rapidité fulgurante cette œuvre condamnée à figurer dans la liste des mauvais films de l’acteur. Il avait perdu son âme en début d’intrigue, il l’a retrouvé à quelques minutes de sa conclusion, il a faillit perdre la vie et a finalement trompé une nouvelle fois la mort, Jackie Chan, on ne peut que le respecter et lui pardonner ses erreurs.