Soyons clair: si ce film était tourné aujourd'hui, il ferait soit un bide phénoménal soit un carton délirant. En 69, il a fait un bide parce que personne ne s'attendait à ce qu'un Américain (William Klein, qui vivait en France depuis l'âge de 21 ans, ce qui aurait dû mettre la puce à l'oreille des bien-pensants) fasse une critique acerbe et totalement second degré du capitalisme. Comme quoi, après mai 68, c'était déjà mort et enterré.
Bref, imaginez un croisement improbable entre Super-Dupont et Team America: World Police, mais en chair et en nylon au lieu d'être en BD ou en marionnettes, le tout agrémenté d'un regard hara-kiriesque sur la politique étrangère des USA. C'est ça, Mr Freedom. Un film qui dit loud and clear and in shiny colors que les Etats-Unis, sous prétexte de défendre la Liberté, n'hésiteraient pas à attaquer, voire détruire un pays (étranger, bien sûr) si son contrôle économique avait une chance de lui échapper. D'ailleurs, ils l'ont fait plusieurs fois dans leur histoire, et tout le monde a fermé sa gueule.
Alors, ok, soyons honnête: ce n'est pas très bien filmé; le scénario oscille entre l'incohérence et l'invraisemblable pour mieux se moquer de lui-même; c'est soit plus ou moins improvisé (il y a quelque chose de Peter Watkins dans certains scènes, notamment les bagarres générales) soit mal répété (et les acteurs font ce qu'ils peuvent dans le bordel ambiant); et ça ne fait guère dans la dentelle ou la subtilité.. Mais oh, entre nous, est-ce que les James Bond sont subtils? Est-ce que les films de Clint Eastwood sont subtils? Est-ce que James Gray fait dans la nuance? Vous voyez bien.
Ne boudons pas notre plaisir; Mr Freedom se regarde à plusieurs, entre deux bières et entre deux discours morveux de salopards de droite qui se croient supérieurs au reste de l'Humanité.. et ça fait du bien aux zygomatiques du cerveau.