Je me souviens que je l'avais regardé vers mes 16-17 ans ce film ; c'est la présence de Goldblum au générique qui m'avait poussé à l'enregistrer sur je-ne-sais-plus-quelle-chaîne, je l'ai regardé quelques mois plus tard. J'avais pas accroché (en plus il me manquait 20 minutes de film je crois) : c'était long, verbeux, pas très palpitant... j'étais loin de l'enthousiasme ressenti avec... "Jurassic Park" ! Ben oui, j'étais un peu con, que voulez-vous. Je m'imaginais que Goldblum devait avoir des rôles de 'Malcolm' (du premier volet bien sûr) dans tous ses films (je ne connaissais à l'époque rien d'autre de lui). Alors forcément, ça contraste un peu (même si on peut trouver quelques liens narcissiques).
Toujours est-il que ce scénario ne m'a pas beaucoup plus convaincu 16 ans plus tard. Cette fois, j'ai tiré mon visionnage d'une copie entière du film. Mais ça reste un peu mou, un peu verbeux (j'hésite à utiliser ce mot, parce que les dialogues sont lents, donc ce n'est pas si verbeux que ça... mais ça parle quand même tout du long j'ai l'impression). Ce n'est pas inintéressant pour autant : j'aime cette idée de personnification du Diable dans cet homme, j'aime le contrôle qu'il exerce sur ses victimes, j'aime sa nature dominante et manipulatrice : les auteurs ont bien exploité ce personnage. Mais ça ne va pas assez loin. Il arrive un moment où on s'attend à ce que ça dégénère complètement (pas au point d'un "Event Horizon" avec des gens qui s'auto-mutilent mais quelque chose qui s'en rapproche quand même). Puis il y a tout de même des choses qui nécessitent une explication : disons que le pouvoir du Diable manque de précision, on ne sait pas trop ce qu'il peut faire, au début ce mystère aguiche mais au bout d'un moment ça paraît un peu facile.
La mise en scène est correcte ; elle fait très française, avec une caméra souvent à hauteur d'yeux, des cadres pas très poussés esthétiquement parlant. Cela n'empêche pas quelques jolies petites choses, des ambiances glaçantes (comme ce garage noyé de fumées et bercé de cette lumière de nuit). Le découpage fonctionne plutôt bien globalement et le montage est efficace en terme de rythme. Enfin, le casting est top : Jeff est celui qui impressionne le plus, complètement à l'aise dans ce rôle diabolique (on dirait qu'il jubile de son interprétation à chaque plan) ; en face, Kathy Baker n'a absolument pas à rougir de son interprétation, la belle parvient à tenir tête à l'américain ; Alan Bates tient bien la route aussi ; le reste est plus que correct, depuis Cassel jusqu'à Giraud en passant par tous les petits rôles que je ne connais pas.
Bref, "Mister Frost" n'est pas mauvais, juste un peu mou et pas assez approfondi.