On sait la tendresse que Colette avait pour le Music Hall, dont elle avait adopté les codes pendant une période acrobatique de sa vie, et qui lui a donné l'occasion de descriptions enlevées et de déclarations d'amour aux artistes assez mémorables. Cette adaptation reste hélas très en surface de l'histoire, dont elle ne fait que dérouler les épisodes sans parvenir à les remplir de toutes ces considérations romantiques qui faisaient des lignes de Colette une sorte de profession de foi. Heureusement, il y a Denise Grey et Odette Laure, pour compenser un peu le jeu indigent de l'héroïne. Pour ma part, je garderai le souvenir du personnage de Robert, qui entretient la petite Mitsou au péril de son équilibre nerveux, parce qu'il faut avouer qu'elle est horripilante. Et qu'elle ne fait pas particulièrement preuve d'égards pour lui, alors qu'elle lui doit un certain confort dénué d'obligations charnelles en retour. Cette liaison platonique donne lieu aux plus jolis moments du film, quand l'amoureux vieillissant s'incline devant les soubresauts désordonnés du cœur de Mitsou, qui en pince pour un "bel" officier. Avant d'en arriver là, il faut se frapper les élans naïfs de la donzelle, ses désespoirs humides et ses épanchements languissants, et ça n'est pas une partie de plaisir. Heureusement, sa pétulante copine lui vole absolument tous les plans qu'elles partagent, ça occupe...