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le 2 mai 2018
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Il est bon d’envoyer à la face du monde des portraits de l’Amérique déclassée, lorsque les dirigeants de cette dernière beuglent vouloir la rendre « great again ». Mobile Homes, présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2017, fait partie de ces projets ultra indé, tournés avec peu de moyens, et qui vise à restituer de façon quasi naturaliste l’état d’une frange de la population qui n’a généralement pas droit de cité.
Le projet est évidemment honorable, et doté des meilleures intentions. La plongée dans les bas-fonds est assez bien rendue, et l’on ressent avec les personnages la précarité, le froid, au fil d’une route sale comme une pochette de Sonic Youth.
Les comédiens se donnent sans compter, notamment I**mogen Poots** qui passe de la jeunesse déglingos de Green Room la posture de la mère, et le couple destroy parvient à établir cette crête délicate entre affirmation de liberté et immaturité ordalique, d’autant plus qu’il se voit flanqué d’un enfant exploité lors de combines pour le moins douteuses.
Une certaine intensité se dégage dans un premier temps, dans l’alternance entre l’oisiveté bohème du couple, fondée sur un rapport aux éléments abrupts (l’eau, la neige, le feu, la terre gelée) et les milieux interlopes qu’ils fréquentent, reflets de la violence sociale, notamment dans les combats clandestins de coqs qu’on affuble de lames pour ajouter à la barbarie.
Vladimir de Fontenay tient donc un sujet assez fort, mais il ne suffit pas de jouer la caution de l’innocence enfantine pour susciter l’empathie sans réserve, et les mécanismes tragiques qui se dessinent peinent à convaincre.
La respiration occasionnée par une sédentarité et la figure d’un père de substitution, gardien de mobile homes rapproche encore davantage le récit d’un autre film présenté dans la même section, The Florida Project, et qui quant à lui parvient bien plus à ses fins.
Le cinéaste ne peut, en définitive, s’empêcher d’exploiter son sujet à des fins assez vaines. Son esthétiques clipesque fondée sur les ralentis, les time lapses et caméras embarquées pour suivre les lignes à haute tension frise la complaisance, et se laisse aller à la même errance que les personnages, sans la hauteur de vue qu’on est en droit d’attendre.
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le 26 mars 2018
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