Entre Les Demoiselles de Rochefort (1967) et Peau d’âne (1970), Jacques Demy a passé deux ans aux Etats-Unis avant de tourner ce Model Shop qui ne rencontra quasiment aucun succès, ni en Amérique ni en Europe. Coincé à la fin des années soixante et de la guerre du Viêt-Nam, le film raconte la journée d’un adolescent attardé qui doit partir pour la guerre le lendemain et qui n’a au départ pour seule préoccupation que de trouver les cent dollars qui lui permettront de conserver sa superbe décapotable. Une rencontre - ou plutôt une vision, comme toujours chez Demy - vont changer sa destinée… du moins la fin ambiguë le laisse-t-elle supposer. On retrouve beaucoup des obsessions de l’auteur des Parapluies de Cherbourg dans ce film surprenant et pas si mal construit : l’amour, l’amitié, le service militaire, les filles de joie (transformées ici en filles qui posent pour des photographes amateurs). Au rayon des acteurs, Anouk Aimée est une « apparition » plus que convenable et Gary Lockwood joue honorablement sa partition. Finalement, ce film représente une pièce de ce puzzle à considérer dans son ensemble si on veut en avoir une idée intéressante de cette œuvre si originale de ce cinéaste pas comme les autres qu’était Demy.