Et bon appétit bien sûr

La cinéphilie maladive et compulsive pousse à explorer des régions décidément bien étranges... "Modify" s'intéresse à la culture de la modification corporelle, du tatouage et du piercing au sectionnement de parties anatomiques diverses (pénis langues) en passant par tout ce qui touche à la scarification, à la pose d'implants sous-cutanés, au changement de sexe, et tout un tas de chirurgies esthétiques auxquelles on ne pense pas forcément tout de suite. Une chose est sûre, le visionnage en mangeant est très fortement déconseillé.

Une cinquantaine de personnes défilent devant la caméra du duo de réalisateurs, des tatoueurs aux tatoués en passant par les chirurgiens, les dentistes et les bodybuilders. On s'intéresse tout particulièrement aux motivations forcément intrigantes de ces gens qui se font poser des kilos de métal ou de plastique sous la peau, qui se font faire des ravalements de façade entière, qui se font scarifier de grandes portions de leur corps ou qui se font poser des anneaux pour pouvoir se suspendre à des cordes directement accrochées à leur peau. Il existe même une version double, d'un côté accroché à une grue et de l'autre accroché à une seconde personne. On ne va bien loin dans l'exploration des intentions, c'est de l'ordre de la revendication artistique, du pur esthétisme, de la recherche de plaisir ou de limite. Le parallèle qui est fait avec les modifications usuelles du corps (le rasage est évoqué) n'est pas des plus pertinents, mais en revanche le film va très loin dans l'illustration des techniques chirurgicales pour atteindre ces objectifs complètement fous. Âmes sensibles s'abstenir. On a vraiment l'impression d'être à la boucherie.

Visionner un tel docu change les perspectives de manière drastique, je l'avoue, au-delà du sentiment de dégoût que de telles images gores peuvent naturellement susciter. Je ne savais pas qu'on pouvait aller aussi loin, que ce soit dans le découpage de la chair ou dans la modification de certaines parties du corps — le mec qui tente de se faire une tête de tigre bon sang, avec ses tatouages, ses pupilles, ses dents en forme de crocs, ses oreilles, ses mains pointues... Les motivations sont au moins aussi variées que la nature des modifications.