Moi aussi
5.2
Moi aussi

Court-métrage documentaire de Judith Godrèche (2024)

Judith Godrèche a beaucoup fait parler en ce début d'année 2024 puisqu'elle a déclenché un équivalent du mouvement #MeToo en France pour le milieu du cinéma. Ça paraissait donc logique que lorsqu'elle repasserait derrière la caméra, ce serait pour un film qui s'appellerait Moi aussi.


Le court-métrage s'ouvre avec des lumières qui donnent uniquement des formes à l'écran, puis une vague et un œil. L'avantage en plus d'être impactant visuellement, c'est qu'on peut interpréter cette partie du film comme on veut. Les formes représenteraient le silence des victimes, la vague leurs témoignages et l’œil les regards qui se portent sur ces faits très graves qui sont désormais connus de tous. Et comme l’œil est filmé en gros plan, on peut tout simplement se sentir observé, se dire que tout le monde est concerné et se questionner sur ses rapports aux autres. Je sais que je surinterprète sans doute, mais j'aime bien quand on met des choses symboliquement fortes à l'image comme ça.


Ç'est ensuite la fille de Judith Godrèche, Tess Barthélemy, qui est mise en avant pendant la première partie de court-métrage qui ressemble à une publicité. Dans une avenue bondée de victimes d'abus sexuels, elle danse de façon assez libre. Je me suis demandé si c'était uniquement de la danse contemporaine ou bien s'il y avait un peu de langage des signes puisqu'elle utilise beaucoup ses mains. En fond sonore, les témoignages résonnent, se multiplient et se marchent dessus. J'ai du mal avec la mise en scène de ce moment parce qu'on passe des témoignages à un genre d'apaisement général un peu inattendu. Il n'y a pas de colère dans ce court-métrage alors que ça paraissait logique vu le sujet abordé.


Après l'écran-titre, on passe formellement de la publicité au spot de prévention avec tous ces gens qui défilent, ce qui donne forcément le vertige puisqu'ils sont un millier ici et que ce n'est qu'une infime proportion des gens concernés. Ce passage en silence est le plus fort du court-métrage avec l'ouverture pour moi, mais je regrette que ça se termine de façon assez plate sur un carton, même si évidemment le message est fort et méritait d'être martelé.


Vous l'avez compris, je n'ai pas été très emballé par l'aspect artistique du film et malheureusement je n'ai pas aimé la musique et les chansons qui accompagnent ce qu'on voit à l'écran, ce qui n'aide pas. Mais ça ne le rend pas moins important pour autant et c'est plus symbolique qu'autre chose. Je pense que la libération de la parole et une évolution des comportements sont de très bonnes choses, maintenant tout cet apaisement qui ressort de Moi aussi m'a un peu gêné. On se dit en voyant le court-métrage que les victimes finissent forcément par passer à autre chose, alors que dans la réalité il y a des morts à l'issue de ces agressions sexuelles, parfois des années plus tard dans un geste désespéré. C'était pour moi un sujet trop grave pour être traité de façon un peu "niaise" sans vouloir être méchant, mais encore une fois le message prime et si vous avez envie de le voir n'hésitez pas. Ne vous basez surtout pas sur mon avis à la noix, je partage juste mon ressenti et si ça bouleverse des gens tant mieux, si certains trouvent la force de parler suite à cela, tant mieux, et si ça déclenche une prise de conscience chez d'autres, alors c'est toujours un petit pas en avant de plus.

GuillaumeL666
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le 24 mai 2024

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Guillaume L.

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