Servi par une campagne promo et une bande annonce emballante, Moi, député (pour reprendre l’expression favorite de notre cher Flamby national) nous sert un duel au sommet entre deux figures sacrées de la comédie américaine. Will Ferrell qu’on ne présente plus et Zach Galifianakis qu’on ne présente plus non plus. Qui remportera la campagne ?

D’emblée, le ton est donné avec une citation résumant merveilleusement bien la politique. On fait ensuite connaissance avec les personnages afin de bien cerner leurs traits communs et de faire son favori même si le méchant ne se cible pas à leur niveau mais bien sur celui des financeurs de la campagne où on retrouve Dan Aykroyd avec des tonnes de kilos en plus et mal masquées par un costume horrible. Donnez-moi le nom de son tailleur pour que je sache où ne jamais aller. On l’attendra avec impatience dans le prochain S.O.S. Fantômes.

La suite se résume à une succession de sketches où chaque candidat tente de prendre le dessus sur l’autre, ce qui amène des situations grand-guignolesques dont certaines sont franchement marrantes mais un problème subsiste, la majorité d’entre eux sont visibles dans la bande annonce. Gâchant l’effet de surprise même si certaines bénéficient d’une version longue comme le fameux coup de poing sur le bébé ou l’heure des révélations à table. L’intelligence du film est de ne jamais vraiment dérailler et de toujours respecter la ligne blanche séparant le sérieux du too much. On cerne bien cette volonté de parodier certains traits de la campagne sans en faire trop. D’ailleurs en voyant ceux pour les présidentielles, certaines sont réellement des parodies ? Et pour preuve, les scénaristes ont souffert et ont dû réécrire le scénario plusieurs fois, la réalité rattrapant la fiction. C’est tout de même énorme!

Malgré tout, on regrette que les deux acteurs ne varient pas vraiment leur jeu. Will Ferrell a toujours le même type de rôle du mec imbu de lui-même et s’autorisant les pires dérives – qui a dit Ron Burgundy ? (d’ailleurs, vivement que le deux sorte). Zach Galifianakis récupère son habituel rôle du looser bizarre dont la gestuelle provoque la perplexité et notre envie de nous moquer (Date Limite ?). Du coup, il en découle une absence du surprise au niveau des interprétations pour cette comédie. Seul Dylan McDermott parvient à tirer son épingle du jeu en incarnant le fameux homme de l’ombre qui dirige la campagne, dommage toutefois qu’il soit bloqué en arrière-plan mais rien que pour les Cheerios (ceux qui ont vu le film comprendront).

D’ailleurs, Moi, député subit de plein fouet la concurrence avec The Dictator, les deux marquant une volonté de critiquer la politique en instaurant un personnage politique haut en couleur. Seulement avec un dictateur, on peut beaucoup plus déconner.

Moi, député ne décolle jamais vraiment non plus, la faute à une succession de sketches jamais vraiment hilarants et dont la prévisibilité gâche quelque peu la surprise mais il n’en demeure pas moins qu’il ne dérive jamais non plus vers la réelle médiocrité dont certaines comédies américaines sont friandes (Jack et Julie pour ne citer personne, niark, niark). Le réalisateur Jay Roach mène la barque en prenant soin d’éviter tout élément capable de le faire tomber dans l’eau que ce soit positif ou négatif. En résulte donc une comédie jamais emballante mais jamais mauvaise non plus.

Il faut tout de même souligner que même dans son exagération, le fait que Moi, député colle malgré tout assez près à la réalité des campagnes américaines à coup de clips dénigrant ou glorifiant les candidats, des coups sous la ceinture dont d’ailleurs Obama ne se gêne pas d’asséner avec une belle ferveur. On est tout de même horrifié devant ce triste spectacle qu’est la politique où tout se résume à une volonté de se mettre le public dans le poche sans ne rien offrir de concret. Par exemple, les débats de Moi, député sont hilarants car ils résument assez bien ceux qu’on peut voir en réalité où il semble que les candidats oublient toute notion de réalité et tentent de vaincre l’adversaire à coup de phrases chocs.
Marvelll
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le 30 août 2012

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le 30 août 2012

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