Dans "Parlement", il y a "parle"... aussi.

La politique américaine. Encore plus codifiée, extravagante, frénétique que celle de nos démocraties d'Europe Occidentale. Meetings de plein air en bras de chemise, pubs négatives ubuesques, obsession incroyable autour du modèle familial et de la religion des candidats ... Les politiciens ne sont même pas tous seuls dans cet univers impossible, il faut aussi des médias ouvertement partisans et analyseurs compulsifs, et un corps électoral qui riffe sur du "tous pourris, surtout le camp ennemi".

The Campaign retranscrit presque sans caricature tout le cadre de ce folklore grandiosement absurde - le film ne s'embarrasse même pas de faux partis et chaînes de télé, tout y est (avec de petits caméos de Piers Morgan et Bill Maher !). Et, évidemment, les machiavéliques lobbyistes, grands méchants du film (John Lithgow, impeccable en l'un des deux frères Motch - référence acide aux Koch). Il ne reste plus qu'à occuper la place centrale avec deux personnages, cette fois, hauts en couleur : Cam Brady (Will Ferrell) pour les Démocrates, le sortant bien installé depuis quatre mandats au Congrès, parfaitement rodé au show-business de la profession, et Marty Huggins (Zach Galifianakis), Républicain, très rural et mal à l'aise dans cette candidature qui lui tombe dessus.

De là, part l'escalade, et les deux acteurs font des merveilles. Seul regret : le film passe un peu trop de temps à établir Galifianakis comme le mec bien de l'histoire pour lui donner suffisamment de bonnes répliques, là où Ferrell a tout le film pour briller dans la parodie. Par ailleurs, le scénario a l'intelligence de ne pas prétexter la montée en puissance pour se transformer en mauvais film des frères Farrelly, et ne flirte que peu avec la vulgarité. Mais, bon, la réalisation, elle, aurait pu aller plus loin - peut-être le réalisateur Jay Roach a-t-il eu peur de tomber dans le lourdingue en tentant de l'épique. Les dialogues sont bons, et auraient à ce titre mérité deux ou trois scènes vraiment fouillées.

Parce que c'est ce qui fera le plus de tort au film, en le rendant peu mémorable : l'absence de moment d'anthologie. Moralité : avec du talent, on peut faire une bonne comédie sans trop de problèmes ; mais tant qu'on ne prend pas de risques, on laisse les spectateurs sur leur faim, et on peut faire une croix sur la postérité.
Manutaust
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le 29 août 2012

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le 29 août 2012

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Manutaust

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