Remember, Peter. With great Power comes great Resistance x Current².
Non, décidément, ça n'était pas raisonnable, ce reboot. Déjà, contrairement à beaucoup, je n'ai pas trouvé Spider-Man 3 si catastrophique, donc je ne voyais pas la nécessité de se remettre si vite en piste. Mais même les faiblesses de fin de trilogie ne suffisaient pas à justifier seulement cinq ans de pause : avec si peu d'écart, le nouveau Spidey souffre forcément de la comparaison avec l'ancien.
Et à plein d'endroits, le bât blesse. Essentiellement, Amazing est très mal rythmé. L'exposition est trop longue, doublement trop longue, comme tout le monde la connaît déjà. Pire, une fois celle-ci passée, on a paradoxalement l'impression que Peter Parker devient Spider-Man d'un coup. On dirait que Marc Webb a voulu éviter les erreurs classiques d'un reboot (bâcler l'expo parce que tout le monde la connaît, traîner sur le milieu du film) en se complaisant dans les excès inverses.
Il y a des efforts louables, néanmoins : vouloir une réalisation plus proche du comic book donne à l'Homme-Araignée une esthétique qui me plaît plus que celle des précédents, trop "film d'auteur" pour un film de super-héros (malgré beaucoup de trouvailles de Raimi). Et une scène d'arrestation de méchant pleine d'humour (humour dont le premier, malgré de vagues tentatives, était amèrement dépourvu) mais qui nous laisse un peu sur notre faim. J'aurais préféré voir Webb donner plus d'espace à ce type de contenu, plutôt que d'embrayer si vite sur une deuxième moitié cousue de fil blanc.
Enfin, et c'est très personnel, je trouve que Garfield fait un bien meilleur Spider-Man *et* Peter Parker que Maguire. Celui d'Amazing a peut-être été fait un poil trop jeune (Peter était-il en Terminale dans le premier ?), mais je le trouve résolument plus à l'aise et plus souple que celui de Maguire. Encore une affaire de goût : entre Gwen Stacy et MJ Watson, mon choix est vite fait ; la première, joliment campée par Emma Stone, fait une compagne bien plus fun que la déprimante seconde. Et le choix de la mettre au courant si vite de l'identité de Spidey, même s'il aurait pu être mieux exploité, est une des rares bonnes idées de ce reboot.
Le reste des personnages est complètement non-mémorable, malgré l'admirable prestation de Rhys Ifans en Dr Connors - certes, on ne pouvait pas ramener si vite les Osborn, J. J. Jameson, et autres, mais le manque en personnages charismatiques se fait cruel. Idem, pour ce qui concerne le générique absolument époustouflant de Danny Elfman, et qui éclipse forcément les compositions fades au possible de James Horner.
Malgré de bons éléments, Amazing est bien trop passable dans l'ensemble pour susciter une quelconque indulgence vis-à-vis de sa précocité. Reste à voir ce que donneront les suites. Puis, Sony, par pitié, retenez la leçon et attendez un peu avant de vous lancer dans Ultimate Spider-Man.
(Au fait, la blague du titre vient d'un xkcd : xcdk.com/643)