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Lui, moche sans doute, méchant mon oeil ?

Je n'ai pas encore trente ans, mais je ne suis plus un enfant.

Ceci étant dit, répondre à cette critique par "Oui mais c'est pour les enfants", ou "Oui, mais bon, les enfants n'auraient pas compris/aimé" n'a aucun intérêt ; C'est hors sujet. Si vous voulez la critique d'un enfant de 8 ans, demandez à un enfant de 8 ans. Vous en trouverez entrain de racketer les CP devant les portes de l'école primaire.

Le voyant à l'affiche, j'ai été ravi du titre du film. C'était prometteur. Dans ce monde de violence, nous sommes assaillis de Bisounours câlins. Câlins et tueurs, sans doute armés de mitraillettes, mais des Bisounours.

Le monde actuel tourne autour du politiquement correct (de la gentillesse mièvre), de la guerre correcte (pour défendre la liberté, c'est une guerre de gentils), de la loi correcte. Le monde est gentil. Sauf que non.
La gentillesse, c'est le nihilisme de l'esprit critique et de l'intelligence. Ça dégouline, c'est dégoûtant. Je suis pas gentil. Et j'en suis fier.

Bref. Enfin un film parlant de méchanceté. Et ça commence sur les chapeaux de roue !

La scène d'intro reste pour moi un modèle de méchanceté. La méchanceté gratuite, froide, joyeuse, calculatrice.

Gru, notre méchant, voit un enfant pleurer car il a fait tombé sa glace. Il le console en lui gonflant un ballon à sculpter et en en faisant un chien. L'enfant, émerveillé, sert son caniche plastifié contre son coeur, tout chagrin oublié. Gru sort alors une épingle, et explose le ballon, multipliant la peine initiale de l'enfant de manière exponentielle.

AHHHH ! UN VRAI MECHANT !

Je rigole crétinement dans mon fauteuil. Le film commence bien.

Et ce beau soufflé qu'on attend secrètement depuis des lustres retombe bien vite. Bien vite on comprend que nous sommes face à un personnage qui va "comprendre qu'être méchant, c'est méchant, alors qu'être gentil, c'est gentil !"

On pourrait avoir le méchant qui apprend à des jeunes recrues la joie d'être cynique. On pourrait avoir le méchant-dans-sa-vie-publique aimant-dans-sa-vie-privée. Vous savez, le connard assis au bureau au bout de l'allée, votre chef, là, dans votre boulot ? Et bien il a des enfants qui l'appellent Papa, ce n'est donc pas si irréaliste.

Non, ça serait trop beau. Notre méchant va se battre au nom de l'amûûûûûûr. J'en aurais vomi.

Rajoutez à cela une boite débutante qui reprend ses poncifs à Disney/Pixar, et on pleure devant tant de miel.

Mais, si, les poncifs, vous connaissez :
* Le héros est un adolescent qui découvre la vie et évolue sur le chemin du mieux OU une petite fille de 6 ans mignonnette et innocente à souhait.

Ici on opte pour "Bouh" de Monstre et Compagnie. Je me suis surpris à l'adorer, j'ai dû me fouetter plusieurs fois pour me punir.

* La caution comique car personne n'a le droit d'être drôle en plus de servir à quelque chose. Collez ici Jarjar de Star Wars, la carpette et le singe d'Aladin, l'ignoble machin rose de la Planète au trésor... Ici, on a des mascottes. Mais plein. Plein.

On met ces éléments au shaker, et boum, on obtient un film convenu. On a même le passage freudien où on découvre que le méchant n'a pas le droit d'être méchant de nature, ou par choix raisonné, nooooon... Il est méchant à cause de sa mère ! Les vrais méchants, comme le juge de Roger Rabbit, Cruella Denfer, la sorcière de Blanche Neige ou de la Belle au bois Dormant, le loup du Chaperon Rouge, les Belles Mères/Soeurs de Peau d'Âne ou de Cendrillon... Plus rien n'existe de méchant dans notre monde aseptisé.

J'en suis triste, et j'espérais du renouveau.

Au delà de ça, le film a une dynamique pas désagréable, et on se prend à l'histoire. Gad Elmaleh est très bon, le scientifique est génial (méchant sans raison, reste méchant), certaines scènes sont très drôles.

Le méchant du méchant (qui n'est pas gentil, il est juste très con) est à la limite du supportable mais reste un bon ressort comique.

On passe un bon moment, et les petits que j'ai vu dans la salle se sont régalés.

Je n'ai pas vu le temps passé et me suis diverti, je suis juste déçu qu'on puisse produire un film rincé à la Javel avec un titre pareil. Mais avouons un secret : Je n'étais pas dupe, je m'en étais douté.

Et sinon, il y a un vrai méchant dans ce film : La directrice de l'Orphelinat. Et bien, je l'ai détestée. Si on ne retire aucune joie de faire souffrir les autres, autant s'abstenir.

Non, vraiment, la méchanceté, c'est un art subtil qui ici n'est absolument pas maîtrisé.
Lomig
5
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le 24 oct. 2010

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Lomig

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