MOI, OLGA HEPNAVORA (13,5) (Toma Weinreb/Petr Kazda, TCH, 2016, 105min)
Ce drame dresse sans concession le portrait tragique d’une jeune femme élevée dans une famille stricte et rigide, subissant de multiples brimades dans la Tchécoslovaquie début 1970. Ne trouvant pas sa place dans cette société violente avec elle, la vengeance devient son obsession. Tomas Weinreb & Petr Kazda s’emparent d’un fait divers qui interroge encore en Tchéquie et s’appuie sur livre très factuel sur cette affaire de Roman Cilek. Les réalisateurs prennent le parti pris austère mais judicieux en plongeant cette histoire dans un magnifique noir et blanc, où les tons gris sont omniprésents, avec peu de contraste, essentiellement des plans fixes très cadrés avec l’héroïne la plupart du temps au centre de l’image, sans mouvement de caméra superflu. Loin de figée l’histoire ce dispositif très calibré suscite l’émotion car on ressent mieux cette colère et la violence enfouie du personnage qui ne demande qu’à éclater hors-cadre. Le récit ne lâche pas d’une semelle Olga dans son quotidien nihiliste, son homosexualité, internat, hôpital psychiatrique en gardant une certaine distance ce qui n’aide pas forcément à l’empathie du personnage. La structure narrative méthodique sert constamment regarder cette jeune fille avec retenue, sans jugement, et malheureusement certaines scènes sont un peu inutiles à l’évolution dramatique de l’intrigue qui aurait mérité d’être plus resserrée. On notera l’absence de musique originale pour ne point appuyer le propos. Un long métrage qui doit beaucoup à son interprète principale, la révélation Michalina Olszanska parfaite et sidérante de violence sourde ! Venez découvrir ce fait divers de l’ultra moderne solitude à travers le désarroi de «Moi, Olga Hepnavora». Stylisée, troublant et implacable !