Envie de voir autre chose qu'une série, je me lance dans cette histoire mondialement connue de la patineuse redneck arriérée qui péta les jambes de sa bou-bourge de rivale pour pouvoir briller enfin aux jeux olympiques, après des années de coûteux sacrifices et de bagarre pour arriver au plus haut niveau. A l'époque, le monde entier ne parla plus que de cette affaire (assez peu grave en définitive), en vertu du contre-esprit sportif et de la portée universelle des JO - même ceux d'hiver.
La vie de Tonya Harding est ici narrée selon un efficace processus de points de vue multiples entrecoupés des faits. Le film prend le parti de largement délaisser les conséquences pour se concentrer sur ce qui précéda les voies de fait. Et force est de constater que finalement, il aurait pu arriver bien pire à Miss Kerrigan si Tonya avait été aussi pourrie que ceux qui l'entourent.
J'ai aimé que le monde du patinage soit mis en lumière, et critiqué (horaires de dingue, investissement financier important, jugement forcément très subjectif et souvent malhonnête, ...) J'ai aimé savoir ce que sont devenus les protagonistes de cette affaire. J'ai aimé la destinée de cette loubarde en patins au pays des princesses friquées. A noter qu'elle fut quand même la première femme au monde à tenter - et à réussir ! - le triple axel, jusqu'ici réservé aux hommes car techniquement et physiquement très difficile à maîtriser.
Un bien bon film qui ne nécessite pas d'apprécier le patinage pour en aimer le déroulement ; il s'agit juste ici de raconter la vie de cette patineuse, qui a tout fait pour arriver au sommet et qui aurait sans doute eu la même hargne si elle avait fait du cheval, du tennis ou de la natation. Elle a juste eu la malchance d'être fort mal entourée, et d'avoir été élevée au papier de verre. L'injustice de la mise au ban de Tonya, dans son sport comme dans la société, est ici révélée crûment.
Jouissif à bien des égards, ce film, il faut le voir.