Un biopic somme toute assez classique dans sa structure, mais l’association comédie satirique/rupture du 4ème mur a fait que je me suis régalé tout le long. Alors il s’avère que je n’avais jamais entendu parler de Tonya Harding avant, ni même que le triple axel était considéré comme une telle prouesse encore il y a peu. Le biopic a donc réussi sont rôle premier qui a été de m’introduire cette histoire, et il faut admettre que je n’aurais jamais parié qu’un truc aussi incroyable et déjanté aurait pu être lié au patinage artistique. Alors après, il y a toujours la question de savoir où se situent la réalité et la fiction, qu’est-ce qui est romancé et qu’est-ce qui ne l’est pas. Dans tous les cas, l’ensemble forme un film cohérent avec lui-même, et j’y ai pris un immense plaisir à le regarder.
Suivre le parcours de Tonya fut enrichissant, dans le sens où effectivement, elle semble être une paria bourrée de talent (un cliché que Hollywood et l’Amérique adore), et pourtant on a envie de la soutenir et de la porter, parce que par son tempérament, son histoire, sa détermination, elle est inspirante. Pas forcément comme exemple à suivre, mais comme source d’inspiration pour aller de l’avant. Et puis comme je le disais, le côté complètement déjanté fait qu’on a du mal à y croire, et pourtant on y trouve des traces de réalités terribles (le petit-copain violent qui essaye de se faire pardonner à chaque fois, son pote complètement conspirationniste et parano, sa mère sans cœur intransigeante, l’entraîneuse qui assiste à tout mais ne dit rien…) ce qui donne finalement une certaine crédibilité. Et puis la fin, la fin est terrible, dans le sens où malgré tout ce qui s’est passé, on réalise à quel point la sentence pour Tonya est tragique. Un biopic classique donc, mais terriblement efficace.
Le casting est globalement de très bonne qualité. Margot Robbie tire là sans doute ce qui est son meilleur rôle jusqu’à présent, mais elle réussit parfaitement à l’incarner en apportant cette lueur de folie dont elle a le secret. On sent l’investissement, mais également la parfaite adéquation entre l’actrice et le personnage. Honnêtement, Sebastian Stan est correct mais il est clairement un cran en-dessous par rapport aux autres rôles secondaires, même si la dynamique avec Robbie fonctionne à merveille. Julianne Nicholson n’était pas mal du tout dans son rôle de coach ayant un point de vue extérieur, et on sent à quel point elle peut se sentir dépitée et désolée par moment. Paul Walter Hauser est parfait dans son rôle qu’on pourrait presque croire qu’il ne joue pas. Et puis bien sûr, Allison Janney est fantastique, chacune de ses scènes est une merveille, elle réussit à transmettre tellement de chose uniquement par son regard, sa voix, son langage corporel, c’est fantastique.
Techniquement, le film est très académique, mais ce qui fait qu’il n’a pas de mauvais point. La musique s’intègre très bien avec une bande son de qualité, décors et effets spéciaux permettent de recréer l’atmosphère générale et de reconstituer les évènements importants, quant à la mise en scène, elle est une petite merveille. Pas la plus ingénieuse en la matière, certes, mais d’une efficacité redoutable, utilisant astucieusement de la rupture du 4ème mur, et avec plusieurs plans-séquence bien conçus, sans oublier le montage très fluide et la photo qui donne à l’ensemble un ton propre. Craig Gillespe donne un autre exemple d’un réalisateur qui sait exactement ce qu’il veut et peut faire avec sa caméra pour transcender son histoire. Il y a des moments, pas forcément les plus « épiques », où on est complètement happé par la réalisation.
Un biopic efficace donc, déjanté sans pour autant tomber dans la surenchère gratuite. Ce qui en fait un film que j’ai pris plaisir à regarder et que je conseille vivement !