Coffee and Cigarettes
Avec un titre aussi laconique, le nouveau film du suisse Frédéric Mermoud , Moka, suscite la curiosité. Moka, c’est une couleur café, belle et élégante. Ainsi est le film du cinéaste, beau et...
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le 27 août 2016
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Adaptation toute personnelle du livre du même nom de Tatiana De Rosnay, Moka raconte l'histoire et le deuil de Diane, incarnée par Emmanuelle Devos, dont l'enfant a été percuté par une voiture il y a peu de temps. Elle se rend sur les traces des meurtriers et les retrouve. Bien décidée à en découdre, elle achète un revolver et décide peu à peu de s’immiscer dans leur vie en espérant y trouver des réponses, avant de leur avouer la vérité : elle sait tout et elle fera payer tout le monde. Bientôt, elle entretient une relation avec Marlène (Nathalie Baye), et dans cette confrontation de tous les instants, les deux semblent sur la défensive et prêtes à bondir l'une sur l'autre. Qu'auriez-vous fait à la place de Diane ?
En terme de mise en scène, Moka n'est pas un mauvais film car il isole avec une certaine agilité les personnages principaux et les pousse sans cesse à se remettre en question - notamment Diane qui n'a de cesse d'hésiter, de marcher à tâtons. La bande-son est subtilement amenée ou, au contraire, stoppée nettement lors des moments d'introspection. Diane se retrouve très vite enfermée dans sa bulle ; le cheminement de son deuil,
dont on devine le pardon bien trop tôt
, est une sorte de bataille géante à l'intérieur de son esprit. Certains plans, où le personnage d'Emmanuelle Devos reste en retrait, cachée ou tout simplement aphone, sont intelligents et permettent au spectateur d'être autant dans le doute que cette mère de famille endeuillée. La voiture, source de tous ses maux, qu'elle entreprend de racheter au compagnon de Marlène, est au centre de toutes ses névroses mais aussi de sa rédemption. Elle est l'objet du crime, mais d'un autre côté le souvenir concret de son fils et, bien sûr, une connexion ineffable entre les présumés meurtriers et elle.
Moka s’essouffle considérablement avec ses partis pris, car si la lenteur fait partie intégrante du film - et s'explique sans souci, Frédéric Mermoud décide également, pour appuyer la fausseté des échanges qui la lient à son périple, d'entretenir des relations - donc dialogues avec les personnages très artificiels et totalement déconnectés de la vérité. En outre, les liens que tissent Diane et Marlène entre elles sont d'une part tronqués et illusoires (c'est le scénario, d'accord) mais aussi totalement monotones et sans aucune sensibilité. Le spectateur se retrouve alors dans le dit combat d'une mère qui, au final, joue un double jeu contrefait, sans aucune empathie ni pour sa démarche, ni pour les échanges qui s'étalent tout au long du film. Cette volonté qu'a le réalisateur de créer ce fossé entre le personnage de Devos et celui de Baye, tout en montrant bien qu'elles sont terriblement abîmées à l'intérieur donc qu'elles peuvent potentiellement se rapprocher, est une idée qui tombe à l'eau, faute d'émotions "tangibles".
A noter aussi que ces dialogues entre elles, deux têtes d'affiche de ce film, ne mènent finalement à pas grand chose si ce n'est le travail de son deuil, puisqu'on apprend à la fin qu'elle n'était pas au courant.
Je ne saurais juger la qualité des prestations d'un acteur, n'en connaissant ni les bases ni la technique, aussi dirais-je qu'il s'agit dans ce film de prestations extrêmement discutables, voire assez inconcevables, tant l'artificiel et le faux poussés au paroxysme donne des réactions calculées, désincarnées et surtout teintées d'une fadeur abyssale. Même Nathalie Baye semble considérablement s'ennuyer dans ce film. Je n'ai jamais lu le livre dont s'inspire librement le film de Frédéric Mermoud, mais il m'est avis que le scénario - je fais référence à la trame que l'on pourrait qualifier de policière et non pas à la profondeur des personnages ou du récit, est d'une simplicité indécente. Le réalisateur et scénariste, qui fait quand même la part belle à cette quête de la vérité, propose une vision du récit quasi-indigeste tant les rebondissements sont évidents. C'était aussi le cas de Boomerang, de la même romancière, dont l'histoire, à l'écran, était d'une grande platitude.
A éviter, malgré les intentions louables. L'affiche, intrigante, dit déjà tout du film.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes « Le coeur d’une femme est un océan de secrets. », « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. », Escapade avec des films français des années 2010, sans Kad Merad, Dany Boon, Franck Dubosc ou Michèle Laroque autant dire que c'est un parcours du combattant., Cette année, je prends la résolution de noter des films avec mon cerveau, la belle affaire. - Mes 195 films vus en 2016 + critiques et Découvrir Emmanuelle Devos en 2 films. [En Projet]
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le 17 août 2016
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