Intérêt assez limité pour ce documentaire iranien (comportant des traces de mise en scène très probable, dans l'orchestration de l'irruption d'une personne, dans la façon de jeter un verre) qui se compose d’un unique plan-séquence de 55 minutes. Mahmoud Rahmani interviewe un homme dans son bureau afin qu'il lui raconte sa perception des évènements lors de la guerre Iran-Irak dans les années 80, alors qu'il avait 7 ou 8 ans. "Molf-e gand", qui peut se traduire par "mauvais présage", ce n'est que ça : un homme totalement investi dans le récit de ses souvenirs, qui joue et surtout surjoue le témoignage en se mettant vraiment dans la peau de lui-même, enfant, à grand renfort de bruitages, d'exagérations, de mimiques et autres grands gestes. On peut dire qu'il mouille la chemise, de manière très littérale. C'est donc avec un enthousiasme décalé que le personnage dévoile des souvenirs d'enfance et avoue, en filigrane, cette part d'enfance volée.
Je ne saurais dire si le geste de Mahmoud Rahmani concernant l'enregistrement de l'image est vraiment vrai, l'interlocuteur craignant qu'on le surprenne en plein témoignage mais 10 minutes plus tard il n'hésitera pas à hurler pour reproduire une séquence d'assaut de son quartier par un hélicoptère irakien... C'est du théâtre, intérêt principal du film qui dépasse le contenu du témoignage, avec un virage final vers la colère peu crédible — "Comment peut-on trouver beau, esthétique des hommes et des femmes qui vivent dans la peur de mourir sous les balles ?" gueulera-t-il au réalisateur. La démarche est ouvertement pacifiste, mais peu concluante.