Réfugié en France après l'arrivée du nazisme en Allemagne, Robert Siodmak s'adapte bien au système cinématographique français et sera très prolifique durant ses années d'exil en France. "Mollenard" est son huitième film français et son plus ambitieux. Le style de son film se fond parfaitement dans le cinéma français de l'époque et aurait pu être signé par Duvivier, Carné ou Renoir. On retrouve ici la crème des acteurs français jusqu'au moindre petit rôle. Harry Baur tiens brillamment le film dans le rôle titre à la place de Raimu qui avait refusé le rôle car il ne voulait pas tourner sur un bateau (!). Mais il y a aussi la crème des techniciens français, y compris un certain Henri Alekan, encore simple cadreur. Et Alexandre Trauner dans un de ses premiers film en chef décorateur. Ici tous les décors de la première partie du film qui se déroule à Shanghaï, sont évidement à l'époque fait en studio (la Chine étant en guerre civile à cette époque). Et on sent bien ici que le Shangaï de Trauner se passe plutôt dans une Chine de pacotille fantasmé par le décorateur et fait avec des matériaux bien parisien (comme le carrelage du métro que l'on voit à l'entrée du bordel chinois ou les nombreuses persiennes tout aussi farfelus).
Le film ambitieux est construit en deux partis. La première montre l'exotisme et l'aventure de la vie de Mollenard à l'étranger, tandis que la deuxième qui se passe à Dunkerque, monter l'étroitesse de sa vie familiale raté en France. Aujourd'hui un peu oublié, il fut pourtant à son époque une grosse production pour la Gaumont et eut beaucoup de succès.