Matthew, un jeune Canadian, vient s’installer à Berlin pour prendre un nouveau départ. Il ressent vite l’isolation de l’étranger sans attache. Quand il rencontre Matthias, enfin il revit. En plus le beau et charismatique Matthias est tout ce que Matthew rêve d’être… Très vite l’intérêt de Matthew pour Matthias s’intensifie, en devenant une obsession. Il commence alors à se transformer pour incarner l’objet de son désir, coupe ses cheveux et change de look. Quand Matthias a un accident de moto, l’occasion est trop parfaite : Matthew peut devenir Matthias…FICTIONS LGBTMon Alter Ego (M/M) de Drew Lint : possession By Gaspard Granaud | 26 novembre 2018 SHARE TWEET SHARE SHARE 0 COMMENTS
Oeuvre audacieuse et donc clivante, Mon Alter Ego (M/M en VO) retourne le cerveau du spectateur et le perd dans un labyrinthe des sens sur fond de musique techno. Quelque part entre l’univers d’Edgar Allan Poe et celui du réalisateur João Pedro Rodrigues, ce thriller qui prend place à Berlin est une histoire d’obsession, de possession et de dématérialisation. Intrigant.
le jeune homme se connecte très fréquemment, y compris sur son lieu de travail (une piscine où il est maître nageur), à des applications de drague. Un après-midi, un nageur lui envoie un message. Il s’agit de Matthias (Nicolas Maxim Endlicher), une véritable bombe sexuelle au regard lubrique et tentateur. Matthew est instantané happé par son charme possiblement vénéneux et développe une obsession dévorante autour de cet inconnu. Il se met à le suivre, le stalker sur Internet…
Alors que l’objet de ses fantasmes semble lui échapper, Matthew se perd dans ses songes entre rêves et cauchemars et entame une étrange métamorphose. Il va en effet de plus en plus chercher à devenir la copie conforme de Matthias. Cette attraction prenant des proportions inattendues, flirtant avec la folie, va donner lieu à une spirale charnelle qui ne sera pas sans danger.
Les cinéphiles avertis pourront apprécier une mise en scène inspirée qui s’amuse beaucoup de l’homo-érotisme, des clichés de la culture gay qu’il se ré-approprie en les faisant baigner dans un fétichisme permanent et troublant.
le film prend les atours d’un film expérimental très « art contemporain ». Il demande qu’on s’abandonne et qu’on se laisse porter par les images pour s’embarquer dans un trip esthétique et sensuel.
Drew Lint nous renvoie aussi et surtout à ce fantasme du « clone » réadapté ici. Ou comment un garçon qui en aime un autre finit par vouloir devenir comme lui. Matthew n’a pas l’assurance de Matthias mais plus il s’empare de son look, de son monde, plus il semble gagner en confiance. Leur relation, décalée et irréelle, fantasmatique, transpire le désir de trouver dans l’objet de son affection un modèle, un frère. En résulte un certain vampirisme, un romantisme alterné à des jeux sauvages et kinky.
« M/M » ici nous a séduit pour sa faculté à nous emmener complètement ailleurs, dans un monde réel perverti par des rêves moites et des obsessions. Tout y est distordu, flou, entre passion et démons. C’est couillu, sexy et pas commun et ça mérite d’être salué.