Faire, refaire, défaire

Premier passage derrière la caméra de l’acteur Marty Feldman après avoir travaillé avec les Monty Python en devenir puis Mel Brooks (Young Frankenstein, 1974), The Last Remake of Beau Geste tient davantage de l’effervescence comique de ce dernier, l’irrévérence en moins. Pas une dizaine de secondes ne passe sans qu’un jeu de mots, qu’une chute, qu’une référence à des œuvres extérieures ne viennent perturber la linéarité de notre visionnage de façon à ouvrir l’image ; par ces brèches nous apercevons d’autres films référentiels voire matriciels – on pense notamment à Beau Geste (1939), adaptation du roman de Percival Christopher Wren, avec Gary Cooper au casting et William A. Wellman à la réalisation – avec lesquels Feldman et son équipe dialoguent et s’amusent. Cette esthétique boulimique traduit à la fois leur cinéphilie mais également l’alchimie avec laquelle l’art crée à partir de l’existant ; et ce souci du détournement souvent parodique sert le propos politique du film, certes limité, qui n’est autre qu’une critique de la colonisation française de l’Afrique du Nord où pullulent l’autoritarisme militaire, la cruauté hiérarchique et l’hypocrisie. On se régale une petite heure et demi durant des trouvailles burlesques du réalisateur et acteur reconverti, le temps d’une séquence hilarante, en Buster Keaton prisonnier.