Poétique et fragile

Il est parfois des œuvres qui viennent contrarier votre approche cinématographique… Qu’est-ce qu’un bon film ? On l’exige techniquement irréprochable, bien écrit et mis en scène, avec une interprétation hors pair, du contenu et du contenant… Avec “ Mon bel oranger ” nous sommes loin de ce résultat et pourtant, malgré ses défauts, on ne peut que se réjouir en le découvrant et on se laisse embarquer, transporter !

Marcos Bernstein, jadis coscénariste de “ Central do Brazil ” est un cinéaste émergeant. On ne le sent pas encore tout à fait à l’aise avec sa caméra et, notamment au début, certains de ses plans (contre-plongées à outrance, effets stylistiques poussés) donnent un peu le tournis. Mais à contrario, liée au monde de l’enfance, son approche très onirique de cette histoire par trop mélo, vient apporter une touche poétique, une naïveté salvatrice.

Le mot est lâché… Naïf, comme l’art du même nom. Il réussit le pari avec peu de moyens mais une fertile imagination à sublimer le conventionnel et tragique parcours initiatique de Zézé et nous offre un éventail d’émotions.

La plus belle relevant de son travail sur la lumière, alternant clair-obscur et flamboyance selon qu’il place le récit entre la triste réalité ou celle interprétée, au point de se retrouver plongé parfois au cœur d’une toile de Frida Kahlo, ou de Alma Ibacache.

On s’extasie également devant l’évidente complicité de ses interprètes principaux, Joao Guilherme Avila en Zézé et José de Abreu en Portuga. Ils sont magnifiques !

“ Mon bel oranger ” est un film vulnérable mais magique. Il résonne autant dans nos cœurs qu’il caresse l’âme…