La folle journée de Vivian Bearing
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en lançant le film. Je me souvenais que c'était un téléfilm de Mike Nichols de début 2000. Le fait que ce soit ce réalisateur là me certifiait un minimum de qualité, mais quand même... quand un réalisateur de ciné retourne à la télé, c'est rarement bon signe. J'ai quand même été assez vite rassuré lorsque le logo HBO est apparu. C'est pas n'importe quelle télé.
Le concept est intéressant. Je n'ai pas lu le livre, donc je ne saurais dire à quel point le scénario est fidèle. Le film est raconté à la première personne, à l'instar d'un Ferris Bueller. J'irai même jusqu'à dire que le script est presque autant rempli d'humour que ce film de John Hughes, et ce malgré la gravité du sujet. C'est d'ailleurs cette dose de comédie qui permet au film de ne jamais sombrer dans le plus pur misérabilisme, et c'est tant mieux ; en effet, chaque fois que ça devient trop sérieux, du moins durant la première heure, une réplique cocasse est lâchée. Emma Thompson se révèle d'ailleurs un choix judicieux (tout comme le reste du casting dont un cynique Christopher Lloyd) pour ponctuer les dialogues d'un ton sarcastique bien british. La dernière demi heure est surtout propice aux émotions plus négatives (préparez vos mouchoirs), mais elles restent sincères, subtiles et nécessaires pour rendre le propos plus profond. Je reprocherai une chose au scénario: que l'aspect première personne prenne parfois trop de place, empêchant ainsi à l'histoire de se laisser regarder. Parfois j'avais envie que l'héroïne me lâche la main pour me laisser réfléchir tout seul à sa condition.
La caméra de Miche Nichols est toujours pertinente. Par contre le réalisateur étonne en étant le moins discret possible dans sa mise en scène qui dépend elle aussi d'un concept amusant, mélangeant passé et présent : c'est plutôt réussi et donne des scènes étonnantes. Le réalisateur aurait pu rester sobre se contenter de gros plans histoire de susciter les larmes, mais il préfère se compliquer la tâche et renforcer l'aspect comique plutôt que dramatique. En même temps, la tristesse passe toujours mieux si un metteur en scène a instauré un climat comique et complice auparavant.
Bref, Wit est une véritable surprise tant du point de vue du scénario que de la mise en scène, en passant par une brillante interprétation de Emma Thompson. A la fin, ce n'est plus une poussière que j'avais dans l'oeil, mais bien une porte entière, et ce grâce à une construction intelligente en salle de montage.