Ce soir, c'était le bouquet ! Mon cousin de Jan Kounen en avant-première dans une belle salle comble avec une distanciation scrupuleusement respectée et un public portant le masque, comme il se doit, tout en permettant aux grains de pop-corn de trouver leur chemin. Ce qui pour une fois ne manque vraiment pas d'intérêt comme nous le verrons par la suite.
C'est l'histoire d'un mec qui est le PDG d'une firme familiale qui fabrique et vend un alcool ou même plusieurs, ce qui n'a pas d'incidence véritable pour la suite de l'histoire. Le mec est sur le point de conclure l'affaire du siècle, mais il y a un autre mec qui est son cousin qui possède des parts dans l'entreprise et ce serait pratique qu'il les cède avant l'opération pour faciliter celle-ci. Le premier mec c'est Pierre et c'est un grand nerveux un peu colérique, le second mec se prénomme Adrien et il est surnommé le pop-corn par la psychiatre qui le soigne dans une institution où il s'est, volontairement apparemment, placé ; pop-corn, rapport à ses réactions dès qu'il est chauffé quand il se met à éclater et à sauter parfois dans tous les sens. Vous avez au passage noté la puissance évocatrice de la métaphore : elle a plu dans la salle, si j'en juge d'après les rires.
Vincent Lindon est le type qui interprète le premier mec et François Damiens prête son côté pince-sans-rire, un peu décalé, à l'autre type. Alix Poisson est également présente, elle est la secrétaire de direction et elle est plus ou moins proche collaboratrice du premier type ; elle a tout donné à l'entreprise et même fait congeler quelques ovocytes pour le moment où elle aurait une envie subite d'avoir enfin une vie personnelle, ce qu'elle finira par décider quand un vol d'oies sauvages est aspiré par les réacteurs du jet privé qui emmenait cousin, patron et collaboratrice à Bordeaux, pour conclure la fameuse affaire du siècle.
Divers moyens de transport sont bien sûr utilisés par les uns et les autres, avec plus ou moins de bonheur cependant. Je ne m'attarderai pas davantage sur le jet dont les réacteurs ont servi de rôtissoire pour oies sauvages, il est définitivement hors d'usage après un atterrissage de fortune au milieu d'un troupeau de moutons heureusement sortis indemnes de la manœuvre. L'hélicoptère appelé en renfort a servi de ventilateur à étourneaux quand il a survolé de trop près les cimes de quelques arbres. Nous ignorons encore s'il est réparable ou s'il finira lui également à la casse. Un étourneau a été projeté par les pales de l'hélicoptère vers Poisson, son oeil a été évité de justesse, mais l'étourneau est mort. Cela a beaucoup plu et la salle s'est esclaffée une nouvelle fois.
Vincent Lindon (le mec qui a cousin qui ressemble à du pop-corn) a de très beaux mollets, il faut le voir pédaler sur une mobylette bleue sur sa béquille pour tenter de la faire démarrer alors qu'elle est en panne sèche, pour s'en rendre compte. Mon voisin de siège pensait que c'était une Motobécane, je n'étais pas d'accord avec lui, j'ai plutôt cru reconnaître une mobylette Peugeot 103, modèle increvable et qui marche au mélange 4% également. A mon avis c'est la couleur de l'engin qui l'a induit en erreur. Il s'obstinait, je n'ai pas insisté ; une ravissante jeune femme aux yeux de biche, assise dans la rangée devant, nous a priés de nous taire ou d'aller régler notre différent entre hommes à l'extérieur.
Ne venez pas me reprocher de divulgâcher votre plaisir, je ne fais que vous faire gagner du temps pour que vous vous retrouviez le plus vite possible en maillot de bain sur une magnifique plage des Landes avec les deux cousins réconciliés, la femme apaisée du premier mec et Alix Poison qui va enfin pouvoir faire décongeler ses ovocytes en compagnie de François Damiens (le second type, cousin du premier mec). Il y aura bien sûr avant cet instant idyllique d'autres réconciliations qui mettront fin à d'anciennes et de plus récentes fâcheries. Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir davantage encore.
Jan Kounen est le réalisateur de Mon cousin, il en est également un des scénaristes, un des dialoguistes et un des adaptateurs. Les deux autres sont Vincent Lindon et Fabrice Roger-Lacan. Ils s'y sont mis à chaque fois à trois sans qu'on comprenne bien comment ils se sont organisés, surtout au vu du résultat !