La comédie italienne revient
Lucchetti a le sens ambivalence. Son film peut se voir comme une chronique politique de l’Italie entre 1962 à 1977. Mais le lieu d’action est Latina, proche banlieue de Rome, les évènements y sont plus suivis que réellement vécus. Donc la trame n’est que prétexte. Tout comme l’histoire de ces deux frères «ennemis » que tout oppose et déjà traitée maintes fois. Elle tient de la mécanique du mélo, en apparence seulement. Et c’est là toute l’intelligence et la saveur de ce film. Il n’est à aucun moment là où on l’attend. Dans ce sens on peut le comparer à « Romanzo criminale » où il se pose comme une espèce d’antithèse, le dogmatisme et la démonstration ici sont secondaires, seule la réalité sociale compte. Le lien très fort qui unit Accio et Manrico est un prisme sur la réalité sociale à laquelle s’attache Luchetti. Cette Italie là, lui est proche, ce mal de vivre que subissent ces exclus, ces vieilles querelles politiques qui déchirent les familles depuis toujours, ces sentiments que l’on cache stupidement par fierté… On trouve tout cela dans ce film viscéral et brut qui n’est pas sans évoquer le grand cinéma italien des années 70 époque Rosi, Risi ou Commencini. Mais l’atout majeur de cette œuvre, est le formidable jeu de Elio Germano et Ricardo Scamarcio (déjà très remarqué dans Romanzo Criminale), une vraie complicité existent entre ces deux acteurs, et l’émotion n’en est que plus forte.