Peut-on rire de tout, surtout quand il s'agit de la Shoah ? Rares sont les réalisateurs ayant osé faire cohabiter humour et régime nazi. On se souvient pourtant des émotions fortes procurées par La vie est belle de Roberto Benigni, dont la trame se déroulait dans un camp de concentration. Avec Mon Führer, le réalisateur et metteur en scène Dani Levy, qui vit à Berlin, tente de démontrer qu'il est tout à fait possible de rendre Hitler ridicule...
Dans les années 44-45, sentant le régime nazi sur le point de s'effondrer, croulant sous les bombes, Hitler déprime, au grand dam de ses hauts dignitaires. Afin de le remettre d'aplomb et de lui faire tenir un discours devant le peuple à Berlin, son ministre de la propagande, Goebbels, fait appel aux services d'un célèbre professeur de théâtre. Il fait alors sortir le professeur Adolf Grünbaum du camp dans lequel il avait été déporté, afin que ce dernier permette à Hitler de retrouver toute sa force et son éloquence.
Après avoir négocié la libération de sa famille et celle du camp dans lequel il était enfermé, Grünbaum se met au travail et commence à coacher Hitler. S'en suivent des scènes totalement irréalistes d'un Hitler affaibli, infantilisé et ridicule dans un jogging jaune à faire des pompes, de la boxe, de la relaxation ou encore à quatre pattes, à aboyer. Le tout sous l'oeil attentif et un peu dubitatif de ses ministres, qui attendent le discours avec une étrange fébrilité...
Si Ulrich Mühe (La vie des autres) est excellent dans le rôle de ce professeur de théâtre juif chargé d'aider l'ennemi juré de son peuple, le reste du casting est quand à lui peu convainquant. Comédie un tantinet burlesque, Mon Führer aligne quelques gags et scènes osées, sans parvenir pour autant à faire franchement rire. Pas vraiment décevant, mais disons que ça ferait une très bonne pièce de théâtre...