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Depuis quelques temps, on peut observer une certaine hybridation dans des films français. Ainsi, on peut citer Grave (Julia Ducournau, 2016) campus movie mixé à du drame familial et du fantastique glouton ; Jusqu'à la garde (Xavier Legrand, 2017), tragédie familiale tournant au film d'horreur ; ou ce film d'Hugo Gélin. Réalisateur du sympathique Comme des frères (2012) et de l'assez raté Demain tout commence (2016), Gélin se lance dans un récit pas si éloigné de celui de son contemporain KO (Fabrice Gobert, 2017). A la différence qu'ici le ton est beaucoup plus mélancolique et bien moins brutal, que le personnage principal est un peu moins une raclure (Laurent Lafitte était d'ailleurs génial dans le film de Gobert) et que l'élément déclencheur est plus métaphorique.


François Civil incarne un auteur qui réussit, mais s'éloigne petit à petit de sa femme (Joséphine Japy). Du jour au lendemain, il atterrit dans un monde où ils ne se sont jamais rencontrés et où elle est devenue célèbre en tant que pianiste. Pour lui, c'est l'occasion de se remettre en question, de voir ce qui n'a pas marché dans son couple et évidemment de comprendre pourquoi le destin l'a amené là. Soit une manière de faire le point en essayant de ne pas rater sa seconde chance.


Gélin fait bien de ne pas faire du héros un homme idéal, le personnage ne se rendant malheureusement pas compte de ce qu'il a fait et comment la relation avec sa femme s'est dégradée au fil du temps. Ce monde parallèle permet également des passages cocasses, comme les tatouages, le ping pong ou le métier du héros ici. Des éléments liés au personnage de Benjamin Lavernhe, parfait dans le rôle du meilleur ami. Le sidekick rigolo qui aurait pu être lourdingue et pénible dans une autre comédie française, mais qui s'avère ici particulièrement bien écrit et joué. La scène où Lavernhe explique à son ami que ce monde existe bel et bien et qu'il faut qu'il s'y habitue une fois pour toutes est peut-être même la scène la plus émouvante du film. Une mise au point évidente là aussi avec un personnage qui vit un chagrin d'amour également, tout en assumant la situation et ses conséquences bien qu'il soit toujours amoureux de la fille en question. Au final, Civil et Lavernhe forment un duo d'amis qui s'entraident à leur manière.


Puis il y a la fameuse inconnue en titre, femme amoureuse, talentueuse mais en retrait devenant une star tout aussi simple que dans l'autre monde et pas plus sophistiquée. Là où Civil devenait égocentrique, elle se révèle plus triste avec des mains assurées qu'elle ne peut utiliser à sa guise. C'est tout le contraste entre les deux (anciens) amoureux. Elle n'a pas vraiment changé d'un monde à l'autre, lui était devenu quelqu'un de peu reluisant au fil des années au point de devoir "réapprendre" à vivre. Joséphine Japy irradie l'écran par une bonhomie communicative, là où Civil se cherche un petit peu au début avant de devenir plus convaincant par la suite.


Mon inconnue se présente comme une romcom science-fictionnelle intéressante, dont l'aspect banal du changement de monde n'est pas sans rappeler la simplicité d'un autre film hybride, l'anglais Il était temps (Richard Curtis, 2013). Là aussi des mondes parallèles s'entrechoquaient en fonction d'un personnage, engendrant des changements, le tout sous couvert de romance. Une qualité dans les deux films.

Créée

le 7 juin 2021

Critique lue 61 fois

Borat 8

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