On est souvent amené à avoir des sentiments partagés lorsque l'on voit fleurir une suite d'un film qui, de base, n'avait pas pour vocation de marcher, qui avait une démarche un peu originale, et qui pour une raison qu'on ignore, revient dans les salles obscures pour proposer une continuité là où l'on ne s'attendait pas à en trouver. C'était le cas de Dragon, du film Trolls, ou encore Tous en scène. Mais si je cite de très grosses productions américaines, la surprise devient réellement intrigante lorsqu'il s'agit de productions danoise comme Mon ninja et moi qui a tout du film qui allait rester une œuvre de niche que l'on voit qu'en festival. Même son apparition au festival du film d'animation d'Annecy n'a pas aidé à faire décoller le film qui a eut une exploitation un peu timide malgré un très bon bouche à oreille. Mais le fait est que, malgré un premier film très audacieux sur son côté cru et déroutant, et malgré un score pas des plus encourageant, nous sommes désormais en présence d'une suite intitulé Mon Ninja et moi 2. Est ce que ça vaut le coup ? Pas vraiment.

On ressent une volonté de, non pas s'inspirer ou imiter le premier film, mais bel et bien de refaire le premier film. La nuance prend son sens lorsque dès les 10 première minutes, on essaye le plus possible de détruire ce qu'a apporté le premier film. On le voit à travers la volonté quasi compulsive du scénario à mettre à mal le couple du personnage principale avec sa love intérest dès les premières secondes où on évoque son existence, à travers le fait de foutre du développement physique et morale du personnage principale pour en faire un loser qui ne sait rien faire, ou encore dans le fait de nous présenter la famille du héros comme dysfonctionnel alors qu'à la fin du 1er film le héros avait réglé ses problèmes de famille. On sent soit une crainte de ne pas trop déranger les fans qui ont aimé le 1er film, soit ne pas se creuser la tête pour proposer quelque chose de continue, voire même les deux à la fois, et l'un dans l'autre, aucun de ses sentiments n'est vraiment bons. Cela reflète un manque d'assurance évident mais surtout un manque total d'inspiration qui se reflète dans la trame du scénario qui avance à deux à l'heure, ou encore dans le fond même du scénario qui ne raconte rien et qui va un peu nulle part. On essaye de dépayser en nous emmenant en Thaïlande mais le premier film aussi, du coup que faire ? On nous ajoute un Mac Guffin autour d'une liste d'enfants témoins à protégé, mais le film tourne dans un réalisme tellement cru par rapport au premier film qu'on ne croit à aucun danger. Dans ce film, la famille du personnage principale qui va déjeuner dans une rue commerçante Thaïlandaise avec des travesties qui les accostes, de la drogue à tous les coins de rues, des prostituées qui font du service dans un club où doit se rendre discrètement le héros, et la mère du héros se retrouve raide après qu'elle ait été drogué par une boisson au nom à connotation sexuel, comment voulez vous qu'on croit une seul seconde à une histoire aussi innocente que "on a 10 témoins d'un meurtre d'enfant qui sont lâché en liberté dans la nature, personne ne les a interrogé auparavant, on a relâché le principale suspect après que les preuves ont toutes disparu en une nuit ainsi que certains témoins suicidé d'une balle à l'arrière du crâne, on va laisser ces potentiels futurs victimes sans protection et sans surveillance". Il y a un côté facile qui ne marche plus et qui n'est juste là que pour arranger plus que rendre le récit intéressant (je ne parle même pas de raconter quelque chose). C'est comme une habilité d'écriture qui faisait la beauté du 1er film et qui meurt par négligence: le ninja. Dans le 1er film, personne ne voyait le ninja à l'action, et le spectateur était laissé avec son imagination et la possibilité qu'en faite, le ninja est une partie du héros qui fait ressortir ce qu'il y a de mieux en lui,et qu'au final, il n'y ait pas de ninja mais bel et bien qu'un héros qui s'imagine que sa poupée est vivante. Dans le second film cette règle vole en éclat sans que cela ait de justification. Mais du coup, si l'innovation ne vient pas de l'écriture, où est l'innovation ? Dans la réalisation ? Non plus.
L'avantage de ne faire qu'un seul film c'est de ne pas donner une charge trop importante à un second film "non désiré" qui devra faire mieux et proposer quelque chose de novateur, chose que ce 2e film ne fait absolument pas. Les graphismes sont identiques ou presque à ceux du 1er film, c'est très brouillon, et très vite on est lassé par la proposition. On en vient même à régresser sur certains aspects avec l'absence de scènes envolés comme le chant du samouraï ou encore la scène du meurtre de l'enfant dans le 1er film. Là où ce côté brouillon avait un charme dans le côté border surprenant du 1er film, vu qu'ici on est quasiment (ou presque) sur une proposition identique au premier film, l'absence de surprise fait que ce côté brouillon fait tâche et ne marche pas dans un 2e film qui devrait corriger ces imperfections qui relève plus de l'erreur qu'autre chose. Certaines de ces erreurs font vraiment tâche et rendent le film carrément nauséabond sur certains aspect. On avait des scènes de violences et des moments de grossièreté qui étaient vraiment pas banales et qui arrivait à jouer avec les limites pour juste donner un coup de fouet au premier film. Dans le 2e film nous avons une vanne sur le fait que le ninja porte maintenant des carreaux à coeur, et du coup ça le rend moins virile et cool parce que ça le fait ressembler à une fille et que, je site: "Les filles ne sont que bonnes qu'à faire le ménage et faire la cuisine". Point Saint Braham mis à part, la vanne est très lourde et elle dérape trop pour qu'elle passe sans casse, dans la limite si la vanne ne revenait pas, je n'aurais rien dit, mais la vanne est insisté un bon nombre de fois pour qu'on nous laisse penser qu'à un moment le ninja apprenne que l'apparence ne fait pas tout... en faite non. Du coup on obtient un film très moyen qui recycle un film qui volait pas bien haut, et qui répète en faisant mal tout en apportant une sous-couche dégueulasse à l'ensemble. Dans l'éventualité que le 1er film était mauvais (ce que je ne pense pas mais imaginons), il a su être assez bon pour nous tromper, mais on ne peut tromper deux fois la même personne. C'est vraiment pas très bien.


8,75/20


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.

Youdidi
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le 14 avr. 2022

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