La parole à propos de la libération sexuelle féminine est assurément actuelle telle un problème de société occidentale. C'est un sujet qui revient en abondance sur les réseaux sociaux, dans les rues, lors de manifestations, dans nos discussions les plus banales,... Il permet peu à peu que femmes et hommes puissent échanger ensemble et ouvertement sur le plaisir sexuel (parce que oui, même si le plaisir masculin a toujours été moins étouffé par la société, il n'a jamais été amplement exploré comme il peut l'être aujourd'hui). Le XXIème siècle marque une très nette évolution des mentalités de ce point de vue là, une évolution nécessaire puisque trop souvent, à contrario des jeunes garçons, les jeunes filles ne comprennent la provenance de leur plaisir sexuel que très tard (chose que souligne très bien le documentaire). C'est un sujet bien évidemment tabou puisque le mot « clitoris » n'est rentré dans le vocabulaire courant de notre société occidentale que depuis une vingtaine d'années (comme le montre le documentaire à travers la séquences du journal télévisé de 98).


Il est important de souligner aussi que notre société occidentale est la plus avancée, et de loin, sur le sujet du plaisir sexuel. Dans beaucoup de régions du monde, c'est un sujet banni des discussions et il faut avoir conscience de cette liberté d'expression et apprendre à bien l'employer. Il est très nécessaire de traiter ce sujet pour qu'il devienne une normalité. Seulement, à l'heure actuelle, même au sein de notre société occidentale, nous n'en sommes pas encore là et c'est donc un sujet à traiter, je crois, avec finesse, respect, ouverture et franchise.


Les réalisatrices dépeignent le portrait de quelques jeunes femmes à l'histoire très, voire trop, ressemblante. Bien sûr, je ne remets pas en question le fait que chaque expérience soit singulière ; mais le prototype de la jeune femme d'une vingtaine d'année, qui regrette le souvenir de sa première fois, se sentant catégorisée dans la case coincée ou salope, frustrée par la société, décorant les murs de Bruxelles d'un dessin de l'organe de plaisir féminin alors qu'elle déplore la présence d'un dessin de l'organe de plaisir masculin,... est un prototype bien trop cliché. Il est temps d'aller au-delà de cela, d'arrêter de défendre cette généralité comme commune et de se rendre compte qu'aujourd’hui beaucoup de jeunes femmes du même âge ont aussi eu des rapports, entre autres à leurs premières fois, bien différents. Il aurait été par exemple plus intéressant de confronter les avis et les expériences de femmes de différents âges (pour marquer le choc générationnel) ou de différentes origines (pour marquer le choc culturel) ou faire participer des hommes (pour marquer le choc sexuel). Dans ce sens, je regrette que ce documentaire ne soit pas plus varié au niveau des témoignages.


En plus de cela, les images ne le sont également pas assez ce qui en fait un documentaire très monotone  : gros plans ou plans d'ensemble de jeunes femmes assises sur leur lit, parfois une clope à la main, gênée des questions posées,... Pour le rendre moins monotone, les réalisatrices intègrent à leur documentaire des petites séquences, entre autres, la séquence de « C'est pas sorcier » (pas très fair-play sachant que c'est grâce à cette émission qu'une génération à appris la base de ses connaissances) ou la séquence du clitoris expliqué en pâte à modeler (encore moins fair-play de représenter le sexe masculin en forme de mouche). L'intention était bonne, mais l'application a été très mal gérée et je l'ai, pour ma part, très mal reçue.


Néanmoins, je tiens à mettre en avant la présence d'une différence au niveau des orientations sexuelles et notamment l'intéressant témoignage de la jeune femme se prénommant Marguerite (qui selon moi était le témoignage le plus sincère et terre-à-terre). Aussi, il faut admettre que les réalisatrices ont su établir un lien attachant et de confiance envers les personnes qu'elles interviewaient, ça se ressent quand les plans sont plus reculés ou lorsque qu'elles font des commentaires. Elles ont également attention à aborder une large panoplie de sujets en relation au plaisir sexuel féminin : premières sensations de plaisir, différence entre orgasme vaginal et clitoridien, pornographie, relation à l'autre,... Des sujets par ailleurs abordés de manière très bien organisée !


Finalement, l'idée de ce documentaire est intéressante, mais malheureusement, il reste digne d'un documentaire amateur et aurait pu être davantage exploré et approfondi. Les témoignages sont trop ressemblants, trop clichés, pas assez diversifiés alors que les sujets abordés sont tout à fait pertinents. Vu dans son ensemble, le documentaire ne reste malheureusement que le reflet de ce qu'il se dit déjà beaucoup sur les réseaux et dans les rues ce qui en fait une énième répétition sans fond ni forme, et donc, sans grand intérêt pour moi. Il est cependant possible que ce documentaire soit très instructif pour certains et certaines, mais dans une salle de classe à la rigueur (pour éveiller la curiosité), peut-être pas dans une salle de cinéma...

LouiseLebrun
6
Écrit par

Créée

le 19 mai 2020

Critique lue 433 fois

7 j'aime

Mia A.Anderson

Écrit par

Critique lue 433 fois

7

D'autres avis sur Mon nom est Clitoris

Mon nom est Clitoris
Fêtons_le_cinéma
5

Sans tabou ni débat

Mon Nom est clitoris est à la fois libérateur et terriblement coercitif, puisqu’en libérant la parole de jeunes femmes, en plaçant sur le devant de la scène un organe mal connu ou sous-estimé, il...

le 18 mai 2020

14 j'aime

5

Mon nom est Clitoris
LouiseLebrun
6

Avis partagé

La parole à propos de la libération sexuelle féminine est assurément actuelle telle un problème de société occidentale. C'est un sujet qui revient en abondance sur les réseaux sociaux, dans les rues,...

le 19 mai 2020

7 j'aime

Mon nom est Clitoris
carlota36
8

Bel outil pédagogique

Ce documentaire m'a beaucoup plu et touchée car je l'ai trouvé juste que ce soit dans le ton adopté par les protagonistes et dans la variété des sujets évoqués. La sexualité est un des sujets les...

le 19 mai 2020

5 j'aime

Du même critique

Cinq heures avec Mario
LouiseLebrun
8

Au cœur d'une réflexion intérieure

Les dix premiers chapitres sont extrêmement dures à suivre à cause de la forte abondance de répétitions. Il est très difficile de comprendre où veut en venir Delibes avec son histoire de récente...

le 24 avr. 2020

Le Château ambulant
LouiseLebrun
10

Ode à l'évasion

Pourtant peu adepte des films d'animations, et n'ayant que trop peu de connaissance de l'oeuvre artistique de Miyazaki, Le Château Ambulant fait parti de ses très rares films où lors du générique de...

le 24 avr. 2020

Dumbo
LouiseLebrun
8

Pour les grands et les petits

Nul autre que Tim Burton pour réadapter au cinéma un tel classique Disney. L'enjeu était de taille, l'histoire de Dumbo est connu de tous, et en faire une adaptation aurait pu être une nouvelle...

le 18 avr. 2020