Revu pour la énième fois.

Western hors-norme par son coté hybride, à la fois drôle et mélancolique.

Cette dualité ressort par le choix des personnages et leurs interprètes. D'un coté on a le jeune Terence Hill qui vient des westerns spaghetti comiques, notamment les Trinita et de l'autre Henry Fonda qui est un mythe du genre, déjà chez John Ford puis chez Sergio Leone. L’aîné des deux à un rôle plus sérieux, il est le témoignage d'une époque plus violente qui disparaît en cette fin de XIXè siècle. Le plus jeune qui symbolise l'avenir est dans un rôle beaucoup plus léger. Il est d'ailleurs très bien interprété par Terence Hill qui fait ressortir un personnage faussement niais mais plus subtil que ce qu'il veut montrer.

Le plus jeune est donc décidé à faire entrer son idole dans la légende, quitte à forcer les choses, voire à tronquer la réalité, comme lors de la mise en scène du duel final. Cette scène est d'ailleurs immortalisée par la photographie - qui marque le poids que va désormais prendre la communication dans le monde à venir - et la société du paraître qui va prendre la pas sur la réalité, comme l'évoque le monologue final de Beauregard.

Il y a toujours beaucoup de discussion sur la paternité de ce film entre Leone le producteur, qui a tourné quelques scènes, et Valerii le réalisateur. Dans Conversations avec Sergio Leone, ce dernier reprochait le manque de poésie par rapport au potentiel du film. C'est un peu dur car je trouve qu'avec les tonalités mélancoliques et nostalgiques, le coté poétique ressort. Il est très probable que Leone ne pouvait pas être un producteur détaché du projet et trop envahissant pour tenir cette fonction. C'était un réalisateur dans l’âme.

On sent d'ailleurs l'empreinte de Leone, via les multiples allusions à ses films, surtout Il était une fois dans l'Ouest. L'accent mis sur le changement d'époque fait en effet échos au chef-d’œuvre de Leone. D'autre part, il est possible que le côté satirique soit plus le fait de Valerii.

On pourrait presque dire que ce film est une œuvre collective qui donne une alchimie singulière et évite de tomber dans le grotesque. Cette rivalité aurait donc pu profiter au film.

Et comment ne pas évoquer la musique mythique (encore une fois) d'Ennio Morricone qui appuie et renforce la dualité mélancolique et humoristique du film. Certains morceaux font parfois également penser à la BO d'Il était une fois dans l'Ouest avec plus de second degré. Elle donne un souffle épique au film, notamment la charge de la horde sauvage inspirée de La Chevauchée des Walkyries de Wagner. La scène de la charge face à Beauregard mettant ses lunettes avant de prendre sa carabine, est d'ailleurs magnifique.

Pour conclure c'est un film que j'adore car il ne ressemble à aucun autre, par cet équilibre difficile qu'il parvient à trouver. Cela en fait un film à plusieurs niveaux de lecture et d'une grande richesse contrairement à la première impression légère qu'il donne.

Le film préféré de mon grand-père.

Poussieredediamant
9

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Créée

le 29 août 2024

Modifiée

le 30 août 2024

Critique lue 3 fois

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