Lauréat de l'Oscar du meilleur film étranger de l'année 2005, cette œuvre pleine d'émotions contradictoires nous plonge dans l'univers étouffant d'un jeune voyou. Plein de rage exprimée et d'amour retenu.

Regard glaçant mais gueule d'ange. Tsotsi parle peu et n'exprime pas ses sentiments. Seule la haine semble le faire avancer. L'argent fait son bonheur, et peu importe le malheur des autres. Même si le sang doit couler. En tentant de voler une voiture, il tire à bout portant sur une femme. Sur la banquette arrière, il trouve le plus beau cadeau empoisonné que puisse donner la vie : un bébé. Tsotsi décide de s'en occuper. A sa manière.
Tsotsi n'est pas le diable en personne. C'est un jeune adulte meurtri de l'intérieur. Prendre soin de cet enfant va révéler en lui son humanité enfouie. Pour retranscrire fidèlement les pensées et le dialogue intérieur décrits dans le roman dont le film est adapté, il fallait un interprète confondant de naturel. Presley Chweneyagae semble véritablement habité par le personnage. Son interprétation, comme celle de tous les comédiens du long-métrage, est sans fausse note.


Adapté de l'unique roman d'Athol Fugard, un des dramaturges blancs les plus connus d'Afrique du Sud, le film aborde des thèmes maintes fois évoqués au cinéma (dans La Cité de Dieu, Scarface ou La Haine par exemple). Les anti héros sont souvent ceux qui dégagent le plus d'aura, de sentiments contradictoires également. On s'attache irrémédiablement à ce personnage, même si on ne peut pas approuver tous ces choix.
Une mise en scène épurée et des musiques intelligemment choisies (apparentées au mouvement kwaito, très appréciée par les jeunes sud-africains) finissent de nous persuader. De nous convaincre que le film de Gavin Hood est une perle de ce cinéma sud-africain en pleine expansion (à la portée comparable à Yesterday et Carmen).Le réalisateur est parvenu à retranscrire de ce pays où deux mondes s'affrontent. La misère des bidonvilles tranche avec la tranquillité des beaux quartiers.
Cette histoire de rédemption, bien que classique, nous prend aux tripes. L'émotion nous submerge. Et on ressort de la salle habité par des sentiments contrastés.
Aede
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le 27 juin 2010

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