Un film qui s'appelle Mon oncle, on pourrait s'attendre à ce qu'il traite de la relation entre un gamin et son oncle non ? Eh bien non. Si l'oncle en question est bien le personnage principal (en quelque sorte), le gamin reste un second rôle à peine effleuré. Pendant tout le film, le môme doit avoir à peine deux répliques. Moins en fait que l'oncle lui-même, qui est pourtant un hommage à peine caché aux icônes du cinéma muet.
J'ai attendu un temps infini que le film démarre, et puis c'était la fin. Évidemment, la lenteur a ses vertus, elle sert le propos, tout ça... N'empêche qu'au bout d'un quart d'heure j'en avais déjà marre, et qu'il m'a fallu beaucoup de volonté pour le suivre jusqu'au bout.
Je ne suis pas familier du travail de Jacques Tati, alors j'ignore si c'est une constante chez lui, mais pourquoi cette manie de toujours filmer ses personnages de loin ? Ils sont presque toujours cadrés de plein pied, avec par dessus le marché un chapeau, une casquette, des lunettes, un fume-cigarette, qui nous cachent leur visage. L'absence de gros plans (ou au moins de plans suffisamment rapprochés) m'a beaucoup dérangé pendant le film. Si on n'a aucun mal à reconnaitre les personnages, on a l'impression qu'ils ne sont que des esquisses, des silhouettes, des ombres... L'attachement y est donc très difficile. Et bien sûr cela n'est pas aidé par les dialogues à peine audibles et pas forcément très bien écrits, plus souvent marmonnés que vraiment dits, et fréquemment vides de sens.
Certains films ont un thème musical très efficace, mais le gâchent un peu en l'utilisant à outrance tout au long du métrage. Ici, le thème est déjà exaspérant à la première écoute... Au bout de 50 fois j'avais envie d'éclater mon écran. Remarque j'aurais pu couper le son sans louper grand chose... En plus des dialogues et de la musique, les effets sonores sont eux aussi agaçants, quand ils sont ostensiblement forcés comme les bruits de pas ou de chaises.
J'ai beaucoup de mal avec cet humour très visuel à la Charlie Chaplin : c'est lourd, c'est poussif, c'est extrêmement forcé, et ce n'est pas très efficace. Rétrospectivement, j'ai pas mal pensé à Mr. Bean aussi (dont je soupçonne les créateurs d'être des fans de Tati), qui m'insupportait déjà quand j'étais gamin. Là c'est très subjectif bien sûr, mais je crois que je suis imperméable à ce genre d'humour.
Et même s'il est censé incarner une certaine nostalgie et un certain optimisme face à la montée du matérialisme, j'ai trouvé le personnage de Hulot fort peu sympathique. Incapable d'inspirer de sentiments au spectateur, il reste neutre, et subit tout ce qui lui arrive sans broncher. C'est aussi la faute du réalisateur, pour n'avoir pas su nous faire nous attacher aux personnages.
Bon. Il y a quand même des choses à sauver dans ce film, et je comprends tout à fait l'intérêt qu'on lui porte. Au delà du côté nostalgie, l'humour pourra sans doute être apprécié par beaucoup de spectateurs. Certaines images sont vraiment belles (l'immeuble de Hulot...), et certaines idées sont brillantes (les yeux-fenêtres quand Hulot revient couper la plante la nuit...). Je lui ai trouvé un petit côté BD (j'ai pas mal pensé à Franquin en général et Gaston en particulier) dans les décors et l'ambiance, tout à fait appréciable. La photo est très belle aussi : cet espèce de "gris coloré", ces ambiances pastel, sont un vrai régal visuel. Et bien sûr la maison Arpel, avec toutes ces innovations technologiques plus ridicules les unes que les autres, est absolument jouissive.
Malheureusement, tout cela n'a pas suffi à sauver le film pour moi. Au final, je l'ai trouvé un peu triste, un peu terne... Peut-être vais-je essayer de pousser un peu et de regarder d'autres films du bonhomme, mais ça risque de ne pas être avant longtemps.