Un bon film? J'en sais rien, à vous de juger amateur d'art en tout genre! Je met 10 à ce film en le jugeant sur les critères exposés dans la critique, et non sur ces qualités cinématographiques. Critique 100% No Spoiler!

L'intérêt du titre, selon ma grille de lecture, réside dans son parti pris à la fois pédagogique, intelligent, vulgarisant, et documenté. L'archétype même de produit dont j'aimerai bouffé tout les jours sur TF1. Le genre de produit que je mange sous la forme d'article sur des sites internets plutôt austères, mais très rarement de manière cinématographique ou vidéo ludique (et c'est bien dommage puisque ces médias sont nettement plus consommés par mes paires!).

Le procédé utilisé par Resnais -personne que je ne connaissais point avant le jour de sa mort : R.I.P- est non seulement respectueux du Professeur Laborit mais il n'oublie jamais que son publique a besoin qu'on lui explique les choses simplement, mais sans le prendre pour un déficient mentale pour autant.

Une performance, et je pèse mes mots.

Pour écrire des tutoriels depuis des années, je peux vous assurer que cette chose est d'une complexité olympique. Rester juste, précis, pertinent, concis. ("On The Edge : Mon rêve").

On a vite fait de tomber dans la démagogie, on a vite fait de tomber dans la vulgarisation mystifiante, et on a vite fait de faire sombrer le lecteur/spectateur dans les maux de crâne dès qu'on déséquilibre notre produit dans l'autre sens.

La première qualité immense de cette oeuvre est de réussir à rester juste, précis, clair, et concis à travers des exemples qui parleront à tout le monde puisque les expériences sont ludiques, et les personnages que nous suivons représentent "le français de base". Archétype hautement stigmatisant s'il en est, mais diantrement efficace en terme de communication. Le ton "documentaire" utilisé par la voix off sert à la fois sur le plan pédagogique, mais également sur le plan humoristique. Là encore, l'équilibre est juste.

Ce film présente néanmoins une grosse faille sur la théorie qu'il étaye/illustre. Je ne remettrais point en cause la véracité de la théorie du professeur Laborit puisque je l'épouse complètement, et ce bien avant de connaître cet homme, et d'avoir vu ce document. (je suis trop parti prenant pour juger, à vous de vous faire votre propre avis!)

J'explicite de suite; mais cette critique est sans spoiler, je resterai donc muet vis à vis du scénario.

La théorie de Laborit explique que l'homme est un animale (ça paraît basique, mais on a trop tendance à l'oublier) et qu'il est donc soumis aux mêmes contraintes que les animaux. Il explique également que la société, indispensable à la survie de l'homme qui n'est plus multitâche, le soumet à d'autres contraintes supplémentaires, et assez souvent contradictoires avec celle imposées par le règne animale (la domination par la lutte ou la fuite en cas d'échec). Cette aberration cause de nombreux troubles du comportement chez l'être humain "socialisé", pouvant aller jusqu'à affecter sa santé mentale et/ou physique puisqu'il ne pourra ni fuir, ni lutter (la sauvagerie nous est proscrit socialement) dans nombres de situations que la société lui impose.

Sa seule option est l'inhibition le cas échéant aka "le tapis roulant vers la mort sociale voir physique".

Je rejoins cette théorie de A à Z, pour le constater tous les jours dans mon quotidien.

Ce qu'omet Resnais dans son film, c'est que la société met à la disposition de ses membres nombre de désinhibiteurs externes plus ou moins sain (jugement de valeur complètement faussé puisqu'ils sont nécessaires) à travers le sport, les jeux de sociétés, les jeux vidéos ou encore l'activité associative.

Ceux ci permettent de désamorcer le dérèglement biologique liées aux pressions contradictoires : quand on ne peut ni lutter, ni fuir, notre seule option est l'inhibition sauf s'il on dispose d'une "back door" si je peux m'exprimer ainsi. Un autre champs d'expression permettant de réaffirmer notre domination. Bien qu'ils n'impactent pas directement le problème, ils en préviennent/guérissent les conséquences (dépression, maladie mentale, cancer etc etc etc).

Ces désinhibiteurs sportifs et ludiques sont très bien illustrés dans le film au travers de l'expérience de : "l'adversaire" (vous comprendrez en regardant le film) du professeur Laborit, mais JaMaiS au travers des personnages. Pourquoi ce choix? Voilà mon analyse perso.

Le film reste juste malgré cette omission car; ce que j'observe dans mon quotidien, c'est que nombre de personnes suivent les 3 modèles caricaturaux exposés dans le film et se privent par eux même des ses désinhibiteurs. Ils n'évoluent socialement qu'à travers deux champs d'expression: La famille, le travail.

Aucune "back door".

Pas de compétition ludique/sportive, pas de "brain scratch" ou de challenge que ce soit: contre une Intelligence Artificielle, un game designer, ou un autre être humain, et pas d'activité associative valorisante non plus permettant pourtant de contre balancer les aberrations des rapports "dominant/dominé".

Le désert.... la petite mort comme j'aime l'appeler.

Pire encore, nombre de gens râlent dès qu'on leur propose du "brain scratch" ou "du challenge" dans un divertissement (allez faire un tour du côté des critiques de jeux vidéos que proposent ce site, le média de divertissement le plus consommé dans notre société). La plupart des gens considèrent que le brain scratch et la compétition n'ont pas leur place dans le divertissement, car je cite:

"le boulot et la famille, c'est bien assez contraignant comme ça".

Voilà ce que j'appelle, une vision assez ironique des choses, et c'est là toute la superbe du film de Resnais qui omet (volontairement?) les "désinhibiteurs externes" car le gros des gens (aka "le français de base" aka "les personnages du film") les refusent et ne les envisagent même pas comme option "salvatrice", par méconnaissances des mécaniques sociologiques qui régissent notre comportement en société (et non je ne suis point prétentieux, juste observateur).

Ce film est super intelligent, et je dirai même d'utilité publique, et de santé publique.

Je met rarement 10, je recommande rarement (beaucoup trop subjectif) mais là: je me dois de le recommander à n'importe quel individu qui ne vit pas en autarcie afin de mieux comprendre le rôle -a priori superficiel- des désinhibiteurs ludiques, associatifs et sportifs au sein de notre équilibre biologique et mentale.
StandingFierce
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le 6 mars 2014

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