Ebba le découvre là, un soir, dans le port d’Oslo où elle travaille. Un homme blessé à la tête, atteint d’amnésie, qu’elle trouve à son goût et qu’elle ramène dans la riche demeure de ses propriétaires dont elle a la garde durant leur absence. Et qui, surtout, lui fait croire qu’ils sont amants depuis plusieurs mois. Avant, on a vu Ebba en jeune femme seule, vulnérable, mytho sur les bords, rêvant d’une vie rêvée qu’elle ne vit (ne vivra ?) pas. L’arrivée (et l’appropriation) de cet homme dans son monde terne, sans horizon, va l’entraîner dans une spirale (un piège ?) de mensonges et de découvertes. Car si Ebba cache son jeu à son «parfait inconnu», celui-ci paraît lui aussi avoir sa part de secrets (mais dont il ne se souvient pas, et dont il se rappellera au fur et à mesure, reconstruisant une existence soudain escamotée).

Pour son premier long métrage, Johanna Pyykkö explore les désirs et les troubles d’une jeune femme pas vraiment en phase avec une société (en particulier celle qui l’entoure, où gens aisés et beaux vivent dans une sorte de totale insouciance) dont elle se sent exclue (de par sa position sociale et ce mal-être intime ancrée en elle). Mais c’est surtout dans le frémissement de l’amour qu’Ebba (pour laquelle, étrangement, on n’a pas d’empathie ; voire que l’on trouvera antipathique) ne parvient pas à s’épanouir. Ne sait pas faire. Et jusqu’à ce ravissement, cette possession de celui qu’elle décidera d’appeler Julian (mais dont le vrai prénom, on l’apprendra plus tard, est Ivaylo), expérimentant alors avec lui le sentiment amoureux par la ruse et la procuration d’être, un temps, une autre.

Sujet passionnant que cette alchimie en toc s’ouvrant sur un abîme existentiel, mais à laquelle Pyykkö peine à donner corps et ambiguïté. Le récit, oscillant souvent entre réalité et fantasmes, ne statue jamais vraiment (et tant mieux) sur de possibles certitudes (et jusqu’à la scène finale, évidemment équivoque). Pourtant, celui-ci se perd dans un banal jeu de dupes au rythme anesthésié, qui traîne en longueur, et où le trouble d’une situation basée sur la manipulation ne se fait jamais sentir, est sans cesse contrecarré par une dilution de celui-ci dans quelques afféteries de mise en scène et une narration poussive, heurtée, passant maladroitement du point de vue d’un protagoniste (Ebba) à un autre (Julian/ Ivaylo). Si en plus deux ou trois autres scories viennent s’ajouter au manque d’enthousiasme général (le peu d’affection pour le personnage d’Ebba, déjà évoqué, la métaphore lourdingue des figurines, les bulgares forcément réduits à des spécialistes de la traite sexuelle de jeunes femmes…), on finit par lâcher l’affaire. Par abandonner toute tentative d’aimer Mon parfait inconnu. Et pas besoin, pour ça, de se raconter d’histoires.

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mymp
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le 31 juil. 2024

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