Pourquoi, mais POURQUOI François Cluzet s'est-il embarqué là-dedans?
Avec un titre accrocheur et une figure du cinéma à l'affiche, je me suis laissée tenter, non sans regrets. Dès les premières minutes du film on comprend que l'on va passer un instant assez pénible.
L'ensemble du scénario est d'une platitude assez fulgurante, à tel point que l'on arrive difficilement à atteindre les 1h17 en faisant pourtant des scènes trop longues et inutiles.
On subit un amas de clichés affligeants sur les cités, les foyers modestes et les jeunes de 15 ans et ça ne s'arrête pas une seule seconde: les blagues racistes, l'élève noir/juif/blanc/arabe, la religion, les bâtiments délabrés avec l'ascenseur en panne, la vulgarité, l'alcool et la sexualité chez les jeunes ... on a quand même envie de hurler à force tellement tous ces stéréotypes sont lourds et mal amenés.
Abordons maintenant la question des personnages: là aussi on crie au secours. Pour commencer, j'ai longtemps espéré que François Cluzet allait arrêter l'hémorragie mais même lui n'y parvient pas: chauvin d'une cinquantaine d'années et fauché, Michel essaie tant bien que mal de donner une belle vie à son fils de 15 ans, Polo. Pour cela il est "femme de ménage", ce qui n'a pas l'air de le déranger mais qui gêne un peu son fils. Michel est vulgaire, pas très cultivé, a des tendances racistes mais c'est un bon père.
A l'opposé, Polo est censé représenter la jeunesse actuelle (mais on tousse très très fort sur ce point), il est plutôt doué à l'école et fait figure d'espoir dans sa famille.
Sa sœur, 18 ans, est le stéréotype de la blonde avec un pois-chiche dans le crâne: elle ne sait pas bien s'exprimer, fait des études de "prothésiste ongulaire", a un accent agaçant, mâche du chewing-gum et se croit trop belle, à tel point qu'elle s'entraîne pour devenir miss.
Leur mère est semblable car elle n'est pas très fut-fut non plus et soutient sa fille contre vents et marées. Handicapée, elle vit dans son lit et passe son temps à regarder TF1.
Le réalisateur n'ayant pas réussit à aborder justement le thème principal (la galère d'un père qui est obligé d'être femme de ménage pour subvenir aux besoins de sa famille), on se prend un ensemble de "problèmes" à résoudre: Polo face aux immigrés de sa classe, Polo est amoureux, Polo a une petite queue, Polo fait sa crise d'adolescence, Polo est un petit génie comparé au reste de sa famille... à tout ça s'ajoute une mère malade (on ne saura jamais le pourquoi du comment), une sœur complètement débile qui rêve de devenir miss et des passe-partout de réalisation franchement grotesques: des plans fixes à répétions... sur la télévision! Des tentatives de gags qui tombent à plat ("Il m'a dit que j'étais trop clim comme fille!"), des ellipses temporelles ratées...
Bref, ce film relève presque de la torture car j'ai passé 1h17 à ajouter dans ma tête tout ce qui n'allait pas. Je mets quand même deux petits points pour la seule scène légitime du film (Polo qui hurle contre son père), la chute, François Cluzet et le gamin qui a, heureusement, une belle gueule et qui ne joue pas trop mal.
Pour finir, je dirai qu'il y a des livres que l'on devrait vraiment, vraiment laisser sur l'étagère.